J’ai soixante-neuf ans et je suis fatigué. Fatigué. J’avais dans l’idée de me rendre rue Ducouédic jusqu’à l’immeuble où je suis né. Mais à quoi bon ? La clinique a fermé depuis bien longtemps. À la place, on a ouvert une maison pour vieillards aisés. Samuel Beckett y a fini sa vie. Deux rendez-vous médicaux dans la journée. Côté cœur, ça tient. Bruno Genevray est content aussi de mes résultats sanguins. Sauf le sucre. Vous verrez ça avec Letanoux. – Je la consulte tout à l’heure. Sinon, nous avons parlé de livres, de musique, des gens que nous aimons bien. J’ai rejoint Laurence pour un verre au Zimmer. Finalement nous n’irons pas à Nice pour la fête de la guérison d’Adam. Elle a dû déplacer la date d’une semaine et ce sera justement au moment où Virginie et Marcus m’offrent un séjour à Senlis pour mes soixante-dix ans (prochaine étape) avec eux et mes nièces. Laurence vient de rendre son nouveau livre à Alice d’Andigné sa nouvelle éditrice. Elle quitte en effet Stock pour Laffont. Déjeuner médiocre et cher, seul, au Chai de l’Abbaye. J’ai flâné un peu dans Saint-Germain avant de me rendre chez la diabétologue. Comme prévu, ce n’est pas brillant. Changement de traitement, analyses dans deux mois. Elle prend sa retraite et m’adresse à une consoeur vers Denfert. Mes médecins vieillissent. Amélie toute cette semaine accompagnait, de rédactions, en studios, son auteur israélien Amir Tibon. Dans Les portes de Gaza, ce journaliste de Haaretz, raconte comment, le 7 octobre, au kibboutz de Nahal Oz, il a survécu, avec son épouse et leurs filles de trois ans et vingt mois, à l’épouvantable massacre. Au-delà du récit douloureux, il pose aussi un regard lucide sur ce tout qui ne cesse de menacer Israël. Il participait à une rencontre ce soir au Musée d’art et d’histoire du judaïsme. Amélie en est sortie un peu tard. Elle m’a invité chez Tutto Bene rue Daguerre pour une pizza d’anniversaire. Là-bas pour l’occasion, on nous a offert une grappa de la maison Poli. « Settembre », bien sûr.