Au Pilon, avant de partir, j’avais arraché deux surgeons des vieux arbres qui ombrageaient l’arrière de la maison. Un tilleul et un érable sycomore. Tous les deux largement centenaires. Nous les avons trimballés pendant bien huit jours, enfermés dans des bouteilles remplies d’eau. Je les ai mis en pot, sans grand espoir, à notre arrivée à Carolles. Pourtant de minuscules bourgeons ont fini par apparaître la semaine dernière et ce matin de petites feuilles se sont ouvertes. Je me suis senti très heureux. Je vais veiller sur eux, cet automne, cet hiver. Au printemps je les installerai dans de plus grands contenants. Ce sera encore un peu de l’enfance d’Amélie, du souvenir de ses grands-parents (de sa grand-mère Maya surtout) qui grandira au jardin. Nous avons toute une pépinière sentimentale. Il n’est guère de plantation chez nous qui ne soit intimement liée à un lieu, un moment, au souvenir de quelqu’un. Il faut que je dresse la liste.