Dimanche 31 mai 2020. 20h00.
Par Xavier Houssin le mercredi 17 juin 2020, 17:57 - Lien permanent
Trois mois de silence et rien à raconter de cette étrange période de mise à l’écart. Confinement. Au début, je prenais bien quelques notes, puis plus du tout. Il n’y a rien à retenir de ces jours, sauf le grandissant malaise que nous avons éprouvé de ne pas parvenir à toujours raison garder. Nous vivions, nous expliquait-on partout, une catastrophe mondiale. On racontait que le mal se propageait comme une peste. La radio faisait le compte des morts au quotidien. Difficile de ne pas céder à cette contagion de l’angoisse. Sans parler des règlements, des interdits grotesques, qui ont ponctué ce long huis-clos sanitaire. Non, ne rien retenir. Sauf le printemps. Je ne l’avais jamais vu en entier à Carolles. Et c’est une grâce que l’avoir traversé avec Amélie. Des prunelliers en fleurs aux premiers coquelicots. Des mimosas, des camélias, des narcisses, des jacinthes, aux pivoines, aux cascades de roses, aux hortensias. Le jardin a été magnifique, généreux. Le soleil doux. Je n’ai pas travaillé ou si peu. Juste jeté les bases de mon prochain livre, sur Chassignolles, ce village du Berry, où ma mère est née par hasard en mars 1918. Mon grand-père Joseph au front, ma grand-mère Angèle s’y était trouvée réfugiée, déjà flanquée de trois enfants, fuyant le nord de la France, Roubaix, les combats, les ruines, l’occupation allemande. Elle avait vingt-trois ans.