Lundi 2 juillet 2018. 20h10.
Par Xavier Houssin le mardi 3 juillet 2018, 23:38 - Lien permanent
Le Sanders’ White du portique est à présent complètement défleuri. Les roses se font rares ailleurs. Quelques unes s’accrochent encore sur Munstead wood, Royal jubilee, The Alnwick rose. Reste le massif d’hortensias. Celui des Générale vicomtesse de Vibraye. Il forme de gros bouquets tombants, lourds, roses et mauves. Qui donc était cette dame ? Je sais juste que la variété a été nommée ainsi vers 1900 par Emile Mouillière, son obtenteur, horticulteur à Vendôme. Ce ne doit pas être trop difficile à trouver. Il y a longtemps que j’ai le projet d’aller réveiller les noms des plantes de mon jardin. Ainsi de Cécile Brunner ou d’Albéric Barbier. Cela ferait un joli recueil. Mais j’ai avant autre chose, sinon à finir, du moins à continuer. Marie m’a donné des nouvelles de son chat. Elle l’a récupéré de chez le vétérinaire. Vieux chat, m’écrit-elle, il a des médicaments pour le cœur à vie. Comme moi... Mon portrait de Paule du Bouchet est paru jeudi dernier dans Le Monde. Lors de notre entretien, fin mai, elle m’avait parlé du Livre noir sur l’extermination de juifs en URSS et en Pologne de Vassili Grossman et Ilya Ehrenbourg. En le lisant de manière documentaire pour un de ses romans jeunesse qui se passait dans le ghetto de Varsovie, elle m’avait dit y avoir découvert, précisement, ce qu’il était advenu à sa famille. Grand-tantes et cousines. J’avais ce texte, ces deux volumes, à la maison. Je crois que je ne les avais jamais ouverts. C’est une succession de récits effroyables. Humiliations, massacres, tortures. Des gens énucléés, des femmes, des jeunes filles, aux seins tranchés, des nourrissons massacrés. Atroce. Je me suis surpris à tourner les pages, de plus en plus vite, dans une espèce de frénésie étrange, déplacée. Je me suis souvenu de ma lecture, trop jeune homme, des Cent vingt journées de Sodome et de cette addiction nauséeuse qui me faisait avancer, défendant, malgré, dans le récit de Sade. Retrouvé cette inquiétante fascination de l’épouvante. J’ai replacé le livre dans les rayonnages. Où est ma peur, mon angoisse, mon Dieu ?