Dimanche 29 janvier 2017. 19h15.
Par Xavier Houssin le mardi 21 février 2017, 21:41 - Lien permanent
Au début du mois, j’avais reçu un curieux coup de téléphone. Un indicatif étranger que je ne connaissais pas. Mon interlocuteur m’appelait en fait de Norvège et la conversation n’était pas simple à démarrer. Il s’agissait d’un ancien camarade d’école primaire qui venait de lire La fausse porte et qui voulait absolument m’en parler. Mais si, rappelez-vous, nous étions ensemble avec Mme Verschuren (mon Dieu, c’est mon CE1. 1961 ?), Leulier, Henri-Robert Leullier. Mon père vendait des chaussures sur les marchés. Sur la photo de classe, je suis à côté du gros Méchain. Leulier ? Rien à faire, je ne voyais pas. Me revenaient tout un tas d’autres noms : Chauvassagne, Marlot, Mangin, Duval, Desjardin, Rallon, Bettendorf, Camredon, Cagnat, Aubert, Hernando. J'en passe. D’ailleurs le temps passe et il a bien passé... Lui me parlait de mon livre avec un enthousiasme débordant et j’en étais tout retourné. En l’écoutant, j’essayais de me souvenir. Que c’est loin tout ça. En écrivant La fausse porte, je m’étais aperçu justement que des souvenirs, je n’en avais pas. Ou plutôt, que je me rappellais assez bien des noms, des lieux, mais que c’était tout. Après il n'y avait rien ou très peu. Simplement des sensations, des sentiments, des ressentis. Mais de vrais souvenirs qu'on pourrait raconter, non. C’était vraiment pourquoi j’écrivais des romans. Les souvenirs, je les invente, mais je me plais à penser qu'ils sont tout près de la réalité. Laquelle ? Peu importe. L'important c'est que j'y croie. Et que les autres aussi. Henri-Robert Leulier est cuisinier. Il a fait son apprentissage en France, puis est parti en Angleterre, en Islande et en Novège où il vit depuis 1976. Il s’y est marié et a deux grands enfants. Il m’a écrit. J’ai vu des photos de sa maison : une grande ferme en bois isolée au milieu de la neige. Je viens de lui répondre et de lui envoyer quelques photos moi aussi. Peut être le début d’une correspondance. Mais je sais que j’ai du mal avec les courriels. Je lui ai demandé son adresse postale.