Aujourd’hui, cela fait juste un an que La Harpe est arrivée à la maison. Je lui ai offert ce matin une balade d’anniversaire sur la plage. La première depuis que je l’ai récupérée après presque trois semaines de colonie de vacances à L’arche de Léo, le chenil « libertaire » de Saint-Pierre-Langers où je l’avais confiée pendant notre voyage au Mexique. Tout s’est bien passé. Sauf qu’elle a estourbi un petit canard. Mais visiblement, on ne lui en a pas tenu rigueur. Vous la reprendrez quand même ? – Oui, sans problème... Je l’ai trouvée un peu amaigrie. Il devait y avoir de la concurrence à l’heure de la gamelle. Nous avons repris notre ordinaire d’existence. Sans rire, elle m’a manqué. Le séjour au Mexique a été, une fois encore, une très douce parenthèse. L’appartement de Mexico, la maison d’Ixtapan, tout m’est familier. Je m’y retrouve, je m’y reconnais. Je renoue avec un étrange secret caché dans mon cœur. Comment donc ce pays a-t-il pris cette place si particulière ? Je n’y suis venu la première fois qu’en 2007. J’éprouve là-bas une sensation très voisine de celle qui m’accompagne lorsque je reviens à Senlis. Nous y avons d’ailleurs passé une journée le dernier week-end de novembre. J’étais venu à Paris en voiture, c’était l’occasion. Cela faisait si longtemps. Je voulais revoir « mon » arbre, un très vieux chêne au tronc dédoublé, en lisière de la forêt d’Halatte. Totem d’enfance. J’ai fourré dans ma poche quelques feuilles mortes. L’hiver approche. Nous sommes rentrés dans la nuit. Au Mexique, c’est surtout nos nièces, mes nièces. Comme elles ont grandi, comme elles changent. Camille surtout. Elle va avoir seize ans. Et sa beauté toute neuve de jeune fille me retient, intimidé, de la serrer, comme avant, dans mes bras. Elle a un petit ami bien mignon, bien gentil (Rodrigo) avec qui elle joue, avec application, à l’amour, comme elle jouait à ses jeux de gamine, il y a si peu de temps. Elle est heureuse. Et on a tellement envie de lui protéger son bonheur. Les deux suivantes la regardent avec admiration. On dirait, d’année en année, qu’à leurs yeux, leur aînée gagne en prestige. Victoria s’est mise à la boxe, Valentine à la pâtisserie. Brioches, feuilletés, charlottes : du grand art. Elle tient même un blog avec une (vieille) copine du temps de la maternelle. Reste Apolline, la dernière, ma filleule, qui a cinq ans depuis novembre, et qui rit, et qui boude, et qui m’émerveille. Je lui ai lu Les Malheurs de Sophie. Je commençais : Sophie était étourdie…, la petite Sophie n’était pas très obéissante…, Sophie était coquette…, Sophie était gourmande…, et mon Apolline me regardait avec de grands yeux impatients. Quelle bêtise cette Sophie allait-elle encore faire ? Nous avons fêté Noël à Mexico. Réveillon chez Olivia et Renaud, déjeuner du lendemain chez Diana et Erik. Je ne sais toujours pas dire trois mots en espagnol à la suite. Allez, je prendrai des cours. Pour la prochaine fois. Journées lentes à Ixtapan. Je me suis laissé bercer. Un peu lu, pas vraiment travaillé. Avant de partir, j’ai accompli mon petit pélérinage de chaque fois à Tonatico. Je sais ce que je dois à, la Vierge de là-bas.