C’était les Cendres hier. Memento quia pulvis es… Je ne suis pas allé à la messe. J’ai juste passé un court moment à la chapelle des Lazaristes de la rue de Sèvres. Je ne sais pas quoi faire de ce Carême. Des années durant, j’ai eu l’impression que les privations que je m’imposais tenaient plus de la cure détox que d’un vrai jeûne. Et ce d’autant que mes soucis de santé m’amenaient déjà à une discipline alimentaire à laquelle je parvenais assez bien à m’accomoder. S’accomoder au Carême ? Je sais bien que cela est un contraire absurde. J’avais rendez-vous ce matin avec Raphaëlle pour faire le point sur mes propositions pour Le Monde. Elle a presque tout retenu. Frédérique Clémençon, Alain Galan, Isabelle Spaak, Astrid Eliard, un portrait d’Emmanuel Clancier et une belle poignée de courts papiers. Pour un peu, je lui aurais sauté au cou de reconnaissance. Il me reste à m’organiser. J’avais rendez-vous pour déjeuner au Tournon avec Brigitte et Amélie. Brigitte est grand-mère depuis quelques jours. Hélène, sa fille, a mis au monde une petite Andréa. Un beau bébé, avec de grands yeux et des cheveux bruns. Nous avons regardé les photos. Bavardé de mille choses. C’est étrange comme je me sens encore déphasé dans ce Paris que j’ai pourtant quitté à peine. J’ai raccompagné Amélie jusqu'au square Paul-Painlevé. On se retrouve à la gare tout à l’heure. Rentré doucement par le Luxembourg. J’ai pensé au M. Bergeret d’Anatole France, assis sur la terrasse, au pied de la statue de Marguerite d’Angoulème. Au couchant, le ciel, dur et splendide, se revêtait comme une armure, d’un réseau de nuages pareils à des lames de cuivre rouge.