Mercredi 24 septembre 2014. 23h00.
Par Xavier Houssin le jeudi 2 octobre 2014, 17:24 - Lien permanent
Je suis allé garder Gabrielle à Saint-Cloud. Marion et Jérôme viennent d’acheter là-bas un grand appartement de quatre pièces. Ce qui a, semble-t-il décidé de leur choix, est la proximité de la Défense où travaille Marion, et un parking aussi, pour la voiture. Bah. J’ai une sainte horreur de la banlieue. Nord, Sud, Est, Ouest. Banlieue chic ou banlieue sale. Pimpante ou sinistre. Riche, pauvre. Proche, lointaine, aérée, grouillante. Banlieue, quoi… Quelque soit sa nature, je n’y vois qu’une zone grise qu’il faut traverser au plus vite. Autoponts, autoroutes, voies ferrées. Des amas de constructions hétéroclites, un labyrinthe de villes bourrelées d’ennui lourd. Personne n’a pu me convaincre d’y trouver quelque charme que ce soit. J’étais pile à l’heure à la sortie de l’école maternelle. Une halte à la seule boulangerie du coin, et pendant que Gabrielle me racontait sa maîtresse, ses copains de classe (on ne s’était pas vus depuis juillet), nous avons remonté à travers tout un quartier résidentiel jusqu’à l’immeuble des années 1960 où elle habite désormais. Déjeuner. Je l’ai vite couchée. Elle était épuisée et a dormi longtemps. Si longtemps que, n’ayant pas apporté de travail, ni même un livre, puisque je pensais sortir avec elle dans l’après-midi, je me suis retrouvé bizarrement dans cet appartement aux murs blancs, tout vide. En contrebas, chaque cinq à six minutes, le tramway passait en grondant. Me sont revenus ces week-ends à Brétigny du temps de mon service militaire (ma mère avait habité un moment chez mon père avant qu’ils ne s’installent à Carolles) où montait la même angoisse, le même néant. J’aurais dû dormir aussi. Gabrielle s’est réveillée. Nous avons lu des histoires de loups gentils et de sorcières qui font la cuisine. Et plusieurs fois Calinours va à l’école, l’album que je lui avais apporté. Claire et Emmanuel sont arrivés peu après. Nous sommes partis ensemble chercher Antoine à la crèche. Bientôt huit mois. Marion et Jérôme sont rentrés du travail, Amélie nous a rejoints. Après le dîner, dans le taxi en route pour la maison, elle m’a demandé : Alors, c’était bien cette journée ? – Oh, tu sais, je crois qu’il faut que je m’organise mieux. Et si Gabrielle est moins fatiguée, la prochaine fois, je l’emmène à Paris.