Cela fait bien deux semaines que je tourne et retourne le courrier que m’a adressé mon « voisin de derrière » après que je lui ai envoyé la facture de ses dégâts au jardin. Dans son mot, il argumente de manière confuse pour essayer de ne me payer que la moitié des travaux de remise en état. Je me suis décidé à lui répondre. Il n’a pas formulé le moindre regret, la moindre excuse. Il me semble que me rembourser est le moins qu’il puisse faire. D’autant que mes frais me vont pas s’arrêter là. Cet automne, il va falloir préparer le sol et planter de nouveaux grimpants pour remplacer ceux que ses mauvais traitements ont fait disparaître. J’ai été affecté par cette histoire plus que je n’imaginais. J’ai déserté mon bureau. Je ne supportais plus, à la longue, de voir, chaque fois que je levais les yeux, ce mur gris et vide. Cette végétation efflanquée. Je me suis installé dans la salle à manger, fenêtre ouverte sur les hortensias et les rosiers. Je continue les poèmes. J’ai l’impression que je n’en verrai jamais la fin.