Nous sommes à Paris depuis hier soir. Les vacances sont finies. En juillet, il y a eu quelques jours à Magagnosc et une semaine de traversée des Alpes à faire, avec les parents d’Amélie, la caravane (assistance et ravitaillement) du périple à vélo que Marcus s’était concocté pour ses quarante ans avec une poignée de copains de Menton à Thonon-les-Bains. 775 kilomètres, 18 900 mètres de dénivellé, en passant par les cols de Vars, de l’Izoard, du Lautaret, du Galibier, de l’Iseran et j’en passe. Je suis admiratif mais bien étranger au plaisir de cette performance, moi qui ai toujours mis pied à terre au bas de la côte de Carolles et tranquillement poussé ma bicyclette. J’ai roulé en Lotus sur les routes de montagne. Et de montagnes, je n’ai jamais vu, je crois, autant de ma vie. Nous avons pris le train pour Paris au lendemain de la fête d’anniversaire à Veyrier. Avant de regagner la Normandie. Amélie n’avait pas vu les dégats causés au jardin par M. Langiny, le voisin « de derrière ». En juin, les ouvriers qui ont bâti une extension de sa maison m’ont saccagé tous les végétaux qui poussaient à l’aplomb de mon mur. Brisant les claustras, arrachant les tiges métalliques qui les soutenaient. Ca n’a pas eu l’air d’émouvoir le bonhomme. Pas plus d’ailleurs que le courrier recommandé que je lui ai adressé après. J’ai dû appeler un artisan pour remettre des piquets, un grillage et relever autant que possible les plantes sauvagement abîmées. Depuis, ce bon voisin a encore coulé du ciment entre mon mur et le sien, créant du coup une mitoyenneté dont il faudra bien aussi qu’il me dédommage. J’ai passé toute une semaine à couper une multitude de branches mortes. Pauvre jardin. Il faudra au moins deux ans avant que cela ne repousse. Je devais travailler. Déjà écrire cette fichue nécro (en avance !) de Juan Goytisolo que m’a commandée Florence au printemps dernier et à laquelle je n’arrive toujours pas à me mettre. Je n’aime pas beaucoup l’œuvre et pas vraiment l’écrivain. Florence s’impatiente. Elle doit craindre qu’il ne meure pour de bon avant que je lui rende le papier. Et puis, j’ai le projet de mon « herbier des rayons » que je dois avancer (et vite…) pour Belin. Je n’ai rien fait de tout cela, sauf ma chronique de septembre pour Next. A la place, nous avons rangé la bibliothèque. Dix ans de désordre absolu, de livres mélangés, impossibles à retrouver. Tout était entassé à même le sol. Plus de place malgré les rayonnages installés dans toutes les pièces de la maison. Ca nous a pris dix jours entiers avec l’aide d’Agathe, embauchée pour l’occasion. Mais je suis soulagé. Comme si j’avais mis de l’ordre dans le passé. C’est fou ce que l’on retrouve entre les pages des livres, entre les souvenirs, les lettres, les fleurs séchées et les petits papiers. Il a fallu se séparer de pas mal de titres. J’étouffais à tout entasser.