J’ai relu le gros volume des œuvres de Pierre Veilletet paru chez Arléa. Pris des notes. Jean-Pascal est passé vers midi. Il apportait tout un tas de bricoles qu’il était allé nous chercher au magasin Ikéa de Caen. Je te dois combien ? Il est resté prendre un verre. Pas longtemps. Il faut que je prépare à déjeuner aux filles. Agathe est venue avec Margaux une copine de son âge. Elle commence à s’ennuyer seule. Je suis allé voir Georgette. Le Monde était ouvert sur sa table à la page de mon papier sur Ils marchent le regard fier de Marc Villemain. J’ai lu ton article, tu me prêterais le livre ? Nous avons parlé jardin, comme souvent. Des rosiers et des arbres fruitiers. Il faut toujours tailler à trois yeux et couper les tiges au centre si elles sont trop touffues pour laisser entrer le soleil. C’est M. Quézac qui me l’a appris. M. Quézac avait été le contremaître de mon grand-père Joseph chez Kuhlmann. Il était devenu un ami de la famille. Je ne me souvenais plus très bien. Quézac, c’est un nom de l’Aveyron, il est arrivé de là-bas dans le Nord et a épousé une Belge. Il a eu bien des malheurs. Veuf déjà. Et puis son fils a fait une fugue à seize ans. Il a disparu. On ne l’a plus jamais retrouvé. Sa fille, elle, s’était mariée avec un Tommie à la Libération. Ils sont partis vivre en Angleterre où elle est morte de tuberculose quelques années après. Pourquoi je te raconte ça ? Je suis revenu par le potager. Jean-Pascal semait de nouveaux rangs de haricots. Les gamines picoraient dans les fraisiers.