Marie-Thérèse ne va pas très bien. Elle a fait une mauvaise chute chez elle et refuse de voir le médecin. Elle attend que ça se passe. Du coup, elle n’apporte plus ses précieux œufs au jaune couleur bouton d’or à Georgette. Amélie s’est rabattue sur ceux de Charuel pour lui faire ses pots de crème de la semaine. Enfin, ce n’est plus Charuel depuis une quinzaine de jours. Jocelyne a vendu l’épicerie. Elle la tenait depuis près de quarante ans, à la suite de ses beaux-parents. Elle commençait à en avoir assez. Après le décès de Jean-Claude, son mari, début 2010, elle se coltinait tous les approvisionnements, la vente, la gestion du magasin. C’est une très jeune femme qui la remplace. Elle s’appelle Marion Mancel. Est-ce qu’on dira chez Marion ? Chez Mancel ? J’ai connu pas moins de quatre épiceries dans le bourg. Quatre cafés aussi. Un hôtel-restaurant, trois bouchers, deux boulangers, un poissonnier, un charcutier, un marchand de journaux, un marchand de chaussures… Il ne reste plus grand chose. Jocelyne va ouvrir un commerce de décoration à Granville. Nous irons y faire un tour quand elle sera installée. J’ai fini mon papier sur Gloria de Pascale Kramer. Le soleil est revenu dans le jardin. Pas envie de partir.