J’ai eu un message de Mercedes aujourd’hui. Trois lignes affectueuses pour prendre des nouvelles. On ne se voit plus. Nous nous sommes juste aperçus au salon du Livre au printemps. Je ne sais même plus quand elle et Estéban ont déménagé en Seine-et-Marne. Un an ? Deux ans ? Davantage ? Ils habitent à Villenoy, je crois. Une petite ville de l’agglomération de Meaux. Qu’est-ce qu’ils sont allés faire dans ce coin-là ? Je ne sais plus. Nous avons le même âge elle et moi à une dizaine de jours près. J’ai appris sa date de naissance en 2004 avec la quatrième de couverture de son recueil de nouvelles sur la guerre d’Espagne, La promenade des délices : Le premier octobre, alors, était le jour du caudillo, de Franco. Madrid était couverte de fleurs. Des bannières et des drapeaux flottaient aux balcons. Au début, son grand-père lui racontait que toutes ces fleurs et ces couleurs fêtaient son anniversaire, à elle, Mercedes… Il y a aussi une phrase de la nouvelle qui donne son titre au livre et que je connais presque par cœur. Deux ou trois femmes, une dizaine d’hommes, ligotés les mains dans le dos attendaient près du camion. Beaucoup pleuraient. Don Luis regardait autour de lui avec curiosité, peut-être à la recherche d’un dernier papillon. Tout ce qu’écrit Mercedes est bouleversant, et profondément vrai, et profondément juste. J’aimerais qu’on se revoie. Quelquefois je pense qu’il peut arriver vite, le dernier papillon.