Mercredi 4 mai 2011. 22h30.
Par Xavier Houssin le lundi 9 mai 2011, 17:46 - Lien permanent
La fausse porte est en librairie aujourd’hui. Pour mes autres livres, à chaque fois, j’avais été faire un tour. La vitrine, les piles sur les tables, les rayonnages. Là, c’était plus compliqué. J’aurais pu clopiner jusqu’à la librairie d’Olivier Renault, L’arbre à lettres, rue Boulard. Mais dans cet exercice narcissique du « je vais voir », je n’avais aucune envie de rencontrer quelqu’un de connaissance. Olivier que j’avais croisé l’autre jour dans la rue comme Amélie me poussait dans ma chaise à roulettes, m’a proposé de faire une signature. J’irai dès que je peux. Avec bonheur. J’ai aussi des propositions à Senlis, à Granville, à Compiègne, à Lille. J’attends également des papiers dans la presse. Mais je reste inquiet de ce livre. J’ai peur de ne pas pouvoir, de ne pas bien savoir l’accompagner. Avec mon immobilité forcée qui dure, je me sens désemparé. J’ai laissé filer l’après-midi. J’ai retrouvé Amélie aux Cousins d’Alice, le magasin de jouets de la rue Daguerre à deux pas de la maison. Rencontré là-bas Sarah et Noé, son petit garçon qu’elle rebaptise quelquefois Néron. Le bonhomme a bien essayé de faire son imperator en réclamant avec beaucoup d’insistance je ne sais quelle effrayante figurine (un monstre juché sur un dinosaure ?), mais elle a tenu bon. Et tout est rentré dans l’ordre sans qu’il soit vraiment trop dépité. Il a du mérite... Dans cette caverne d’Ali Baba où tout est à portée de menottes, j’imagine sans peine combien il est difficile, à deux ans et demi, de rester stoïque. J’ai choisi une peluche, une souricette à poil beige, douce et câline, pour Gabrielle. Nous sommes allés la voir dans le XVe, à la clinique où elle est née. Dans le berceau transparent de la maternité, elle dormait en souriant aux anges. C’est d’ailleurs ce à quoi elle occupe le plus ses premières journées. Marion et Jérôme ont essayé doucement de la réveiller. Juste pour nous monter qu’elle avait les yeux bleus… Peine perdue. Un froncement de nez, une moue minuscule. Gabrielle n’avait pas, mais vraiment pas, envie de les ouvrir. J’ai caressé sa joue. Dans son sommeil, elle a attrapé mon index, l’a serré dans son poing. Amélie a fait des photos. Ce gros doigt, pris dans sa toute petite main, c’est le mien. J’ai senti que ça piquait derrière mes paupières. On y va ? Nous avons dîné chez Péret, en terrasse. Amélie m’avait invité pour la sortie du livre.