Vendredi 29 Avril 2011. 23h45.
Par Xavier Houssin le mardi 3 mai 2011, 23:12 - Lien permanent
Journée blanche. Comme Les roses blanches, la chanson de Charles-Louis Pothier chantée par Berthe Sylva. Une complainte tellement mélo qu’elle fait sourire, bien sûr. Comme La chanson des fortifs de Fréhel ou Mon Légionnaire de Marie Dubas. Mais j’aime ces romances.
C'était un gamin, un gosse de Paris,/ Pour famille il n'avait qu'sa mère/ Une pauvre fille aux grands yeux rougis,/ Par les chagrins et la misère/ Elle aimait les fleurs, les roses surtout,/ Et le cher bambin tous les dimanches/ Lui apportait de belles roses blanches,/ Au lieu d'acheter des joujoux/ La câlinant bien tendrement,/ Il disait en les lui donnant : C'est aujourd'hui dimanche,/ Tiens ma jolie Maman/ Voici des roses blanches,/ Toi qui les aime tant/ Va quand je serai grand,/ J'achèterai au marchand/ Toutes ses roses blanches, Pour toi jolie Maman. Au printemps dernier, le destin brutal,/ Vint frapper la blonde ouvrière/ Elle tomba malade et pour l'hôpital,/ Le gamin vit partir sa mère/ Un matin d'avril parmi les promeneurs/ N'ayant plus un sou dans sa poche/ Sur un marché tout tremblant le pauvre mioche,/ Furtivement vola des fleurs/ La marchande l'ayant surpris, En baissant la tête, il lui dit : C'est aujourd'hui dimanche/ Et j'allais voir Maman/ J'ai pris ces roses blanches/ Elle les aime tant/ Sur son petit lit blanc,/ Là-bas elle m'attend/ J'ai pris ces roses blanches,/ Pour ma jolie Maman. La marchande émue, doucement lui dit,/ Emporte-les je te les donne/ Elle l'embrassa et l'enfant partit,/ Tout rayonnant qu'on le pardonne/ Puis à l'hôpital il vint en courant,/ Pour offrir les fleurs à sa mère/ Mais en le voyant, une infirmière,/ Tout bas lui dit : Tu n'as plus de Maman/ Et le gamin s'agenouillant dit,/ Devant le petit lit blanc : C'est aujourd'hui dimanche,/ Tiens ma jolie Maman/ Voici des roses blanches,/ Toi qui les aimais tant/ Et quand tu t'en iras,/ Au grand jardin là-bas/ Toutes ces roses blanches,/ Tu les emporteras.
Cela fait cinq ans, maintenant, que dans la nuit du 29 au 30 avril, ma mère est morte dans une chambre de l’hôpital de Granville. Mal dormi. Mal dormi.