Mardi 26 avril 2011. 23h00.
Par Xavier Houssin le jeudi 28 avril 2011, 19:35 - Lien permanent
Visite de contrôle à l’hôpital. J’ai pensé en franchissant la porte à tambour : Toi qui entre ici abandonne toute espérance. Je sais, il ne faut peut-être pas exagérer…, mais, la dernière fois, j’étais vraiment persuadé que tout irait bien. J’allais chercher, en fait, l’assurance de ma « consolidation » prochaine. Au lieu de cela, j’avais appris que le médecin urgentiste du soir de l’accident avait fait n’importe quoi, qu’il ne s'était pas rendu compte que ma fracture était grave, et qu’il fallait m’opérer. Aujourd’hui, j’ai été vu par Pomme Jouffroy, la chef de service, son assistant, je crois, et un interne. Tous les trois ont trouvé ma radiographie du pied parfaite. De fait, on dirait un fétiche africain à clous. L’infirmière m’a enlevé le plâtre, posé une attelle. J’ai interdiction de poser le pied par terre avant encore trois semaines. Et après, il y aura de la rééducation. Bref, j’ai compris que je n’allais pas remarcher normalement de sitôt. Amélie avait oublié quelque chose dans le bureau médical, elle est allée le rechercher. Va falloir le secouer, lui a-t-on dit. Message reçu. Je ne sais pas bien comment je vais parvenir à m'agiter sans mettre un pied devant l’autre. Bah. Puis j’ai remaché un moment cette remarque. Honnêtement, j’en ai pris pour mon compte. Enfant, il y a eu des instituteurs à blouse grise qui m’ont bousculé pas mal, et puis les curés au collège. Des profs et des profs de gym aussi, des moniteurs d’équitation, des moniteurs de voile. Et des adjudants au service militaire, des chefs de bureau, des rédacteurs en chef… Depuis le tout début de mes soucis de santé, on m’a expliqué qu’il fallait se prendre en charge. Faire face, se battre. Je suis désolé. Bon courage. Je sais que c’est comme ça. Sauf que là, maintenant, on va dire que ça suffit. Nous avons déjeuné chez le Grec de la rue Daguerre. C’était gai. Amoureux. Heureusement qu’Amélie est là. La semaine prochaine, nous fêterons nos deux ans de mariage. Marion et Jérôme sont venus dîner à la maison. Marion, tout au bout de sa grossesse. Lasse, lasse, et heureuse. La naissance pourrait bien être pour la semaine prochaine.