Mercredi 26 janvier 2011. 23h50.
Par Xavier Houssin le lundi 31 janvier 2011, 20:44 - Lien permanent
J’avais relu encore, tôt ce matin, La fête de l’ours, avant notre rencontre. Je suis resté une bonne heure avec Jordi Soler. A évoquer, comme nous pouvions, les souvenirs de famille, et comment on les arrange, comment on les invente. Il comprend le français, mais ne le parle pas. Quant à mon espagnol, il se résume à quelques mots. Nous étions installés dans un coin de la salle à manger de l’hôtel Lennox, rue Delambre, au milieu des petits déjeuneurs qui faisaient trempette dans leur café. Les hauts-parleurs du plafond diffusaient de la musique de soupe. Comme d’habitude. Il y en a partout de ce crin-crin inutile. Dans les magasins, les restaurants, les gares, les parkings. C’est juste insupportable. La traductrice n’en pouvait plus. J’ai du mal à me concentrer. Nous aussi, c'était difficile. Vous pouvez baisser un peu ? Bah. Envers et contre tout, nous avons achevé notre entretien. Seuls les livres qui forment maintenant sa « trilogie », enroulée autour de l’histoire de son grand-père, combattant républicain espagnol exilé au Mexique, sont traduits en français. Restent d’autres romans, des nouvelles et surtout ses recueils de poèmes : La novia del soldado japonés (La fiancée du soldat japonais) et El corazón es un perro que se tira por la ventana (Le coeur est un chien qui se jette par la fenêtre). Sentado en la bañera/ enjuago las flores muertas que me dejó la noche./ Oigo un tic tac metálico contra mis costillas :/ en donde estaba el corazón/ he puesto un revólver. (Assis dans la baignoire/ je rince les fleurs mortes que m'a laissé la nuit./ J'entends un tic tac métallique à l’aplomb de mes côtes :/ là où était le cœur/ j’ai mis un revolver.) Une pluie glacée tombait sur le boulevard Montparnasse. Je suis allé prendre un café au bar du Select. Le patron était au blanc. Vous ne voulez pas vous y mettre ? Je vous offre le saucisson. Je ne sais pas bien pourquoi j’ai résisté. J’ai appelé Marguerite. Nous avons déjeuné au J’Go. Qu’est-ce qu’il fait froid… Tu prends quoi ? Nous n’avons pas été au bout de nos cassoulets. J’ai demandé à emporter les restes. Et oui, maintenant, j’ose. Valises à l’appartement. Toujours cette navette des livres pour se rendre compte qu’on n’a jamais les bons au bon endroit. Amélie m’a rejoint. Nous avons pris le train du soir. Arrivés fatigués dans la maison fraîche. On fera du feu demain.