Jeudi 8 juillet 2010. 22h45.
Par Xavier Houssin le vendredi 9 juillet 2010, 21:50 - Lien permanent
J’étais en avance d’une bonne heure pour Jeux d’épreuves. J’avais oublié que Joseph enregistrait deux émissions coup sur coup aujourd’hui. J’ai été m’installer en attendant à la terrasse des Ondes où j’ai pu relire, au calme, L'autre jardin, de Francis Wyndham. Ce tout petit livre raconte comme une histoire de famille, triste, doucement inexorable, dans l’Angleterre de la fin des années trente et de la guerre. Le temps qui passe y ressemble à un dimanche après-midi dans la nausée des angoisses diffuses. Pas de drame, juste des vies qui s’effilochent. Un texte très simplement beau. Nathalie le défendait. Je lui dois beaucoup de découvertes de ce genre. Pour moi, cette semaine, c’était Les romans vont où ils veulent de François Taillandier. J’ai une profonde admiration pour l’oeuvre de Taillandier et, au-delà, je ressens avec lui une grande proximité. Peut-être parce que nous avons le même âge et que fatalement nous avons grandi dans les mêmes moments, avec les mêmes repères. Je m’en suis aperçu dans deux ou trois conversations que nous avons eues ensemble. Cela tient à peu, mais cela ouvre une sorte d’intelligence partagée du monde et, somme toute, c’est assez troublant… Les romans vont où ils veulent est le quatrième volume de La grande intrigue, une fresque familiale prévue pour balayer un demi-siècle de changements et d’évolution de la société française. Un désordre de destins et d’époques sur cinq générations et cinquante-cinq années. Commencée en 2005, la série s’achève à la rentrée 2010 avec le cinquième et dernier livre. Taillandier, né, comme moi, en 1955, aura alors cinquante-cinq ans. Chacun des titres est bâti en onze chapitres, ce qui en portera le total à cinquante-cinq aussi. Un jeu ? Si l’on veut. Sauf que les chiffres sont d’emblée débordés par un fantastique foisonnement littéraire. Tout se répond ici, entre province et Paris, dans l’intrication des généalogies de ces Herdoin, Maudon, Rubien… L’anecdote appelle l’Histoire. Et si on peut suivre le sort que la vie réserve aux personnages dans l’ordre de la publication, chaque tome garde aussi intacte sa propre unité. On les lit au hasard si on en a envie. Les Romans vont où ils veulent nous balade entre la guerre 1914-1918 et la télé-réalité. Une soirée échangiste et l’avenir du catholicisme. C’est encore un homme d’affaires qui cherche à inventer, via Internet, une langue universelle faite d’exclamations répétées, de curieux barbarismes et de pictogrammes. Dans le prochain, Time to turn, il s’agira d’un auteur à succès (il vend des millions de livres...) qui va s’appeller… Dan Muzo. Il y a une chanson de Souchon comme ça : Putain, ça penche, on voit le vide à travers les planches… J’étais programmé pour parler en dernier. Je me suis dépêché. Il restait peu de temps. Mais tout le monde m’a soutenu et j’ai réussi à dire l'essentiel : que François Taillandier est un grand écrivain.