Mercredi 21 avril 2010. 18h20.
Par Xavier Houssin le mardi 27 avril 2010, 16:09 - Lien permanent
Camille s’est réveillée avec le doigt tout gonflé. Marcus l’a emmenée aux urgences d’où elle est revenue avec un gros bandage. Entorse sévère : sa main doit rester immobilisée deux bonnes semaines. Nous l’avons senti au bord de la panique. Comment vais-je faire pour mes devoirs ? Cette année, en effet, elle est, au lycée français, dans la classe d’un instituteur particulièrement sévère et surtout très injuste. De ceux qui manient l’humiliation avec délectation. Qui se vengent d’on ne sait quoi sur les enfants qui leur sont confiés. J’en ai connu. Je croyais l’espèce disparue. Certes, le temps a passé. Celui-ci ne donne pas de gifles ou de coups de règle, mais il déchire les cahiers dès qu’il y a la moindre rature, distribue des paquets de punitions stupides et envoie ses élèves au coin, les mains derrière le dos. Comment vais-je faire pour mes devoirs ? Nous l’avons rassurée comme nous avons pu. Amélie a recopié pour elle des pages d’apocalyptiques divisions et je l’ai aidée à faire la correction de son contrôle d’histoire sur la Saint Barthélémy (qu’on m’explique pourquoi, à la question « Quelle nouvelle église Martin Luther a-t-il créée ? », le pédagogue pinailleur a rayé rageusement en rouge la réponse « L’église protestante ». Vivement la réforme en ce qui le concerne…) Notre travail, à nous, n’a pas beaucoup avancé. J’ai juste pris quelques notes pour mon papier sur Le don de Vorace de Felix Francisco Casanova aux Allusifs. Cet unique roman d’un jeune homme décédé à dix-neuf ans en 1976 raconte comment l’immortalité ( le narrateur se rend compte de cet étrange état après plusieurs tentatives de suicide) conduit à l’immoralité… Amélie s’est débattue à distance avec une liste de presse. Problèmes de format, d’envoi. Nous sommes allés marcher un moment dans le bois de Chapultepec. Là-bas, les écureuils descendent des arbres dès qu’ils aperçoivent un promeneur et le suivent en trottinant. Et certains vont même jusqu’à vous barrer la route pour réclamer une friandise. J’ai retourné mes poches. Je n’avais rien à leur donner.