Mardi 8 décembre 2009. 21h45.
Par Xavier Houssin le vendredi 11 décembre 2009, 21:30 - Lien permanent
J’avais rendez-vous chez le dentiste rue d’Alésia. Dans mon ancien quartier. Je suis né dans ce coin du XIVe, dans une clinique qui, depuis, a fermé. Je n’y ai pas grandi. Mais en 1978, j’avais trouvé, par hasard, à louer un deux-pièces, 5 rue Couche. C’était à deux pas du lieu de ma naissance. Comme on accroche sa vie à un morceau de ville. S’acharner à rester. Trois déménagements dans le pâté de maison. Et puis un autre encore. J’ai tout abandonné avec mon divorce. Pour me sauver la vie, je suis parti habiter de l’autre côté. J’ai traversé l’avenue. Les avenues. Celle d’Orléans puis celle du Maine. Une minuscule amarre a cédé. Je n’ai laissé là-bas que du temps qui s’effrite. Le décor ne tient pas. Aujourd'hui, la mairie a planté des poteaux métalliques partout sur les trottoirs. L’Univers a fermé. Le Bon Coin est devenu un vague italien. Je me suis souvenu de ce jour où le libraire Lévy pleurait dans sa boutique. Assis seul sur une chaise, les rayonnages vides. Une semaine plus tard s’y ouvrait une agence de biens immobiliers. Je suis allé à pieds jusqu’à Denfert, sans faire de détours. Je retrouvais Pascale pour déjeuner dans un restaurant de la rue des Grands-Augustins. Programmes de janvier. J’aimerais bien écrire le portrait de Javier Marias pour Le Monde. Elle m’a annoncé aussi que le livre de Marie a passé maintenant les 500 000 exemplaires de vente. Je vais appeler sur le portable « allemand » de Jean-Yves… Sur le chemin du métro, j’ai croisé Amélie. Pour un instant, chacun dans nos pensées, nous ne nous serions pas vus. Nous avons été prendre un café avant de repartir dans nos après-midi. J’ai préparé mes cours de demain à Censier. Pas eu le temps de faire les courses. Dîner à la pizzeria d’à-côté. Quoi de neuf depuis tout à l’heure ? C’est si bien de si peu se quitter.