Vendredi 7 août. 23h50
Par Xavier Houssin le dimanche 30 août 2009, 13:48 - Lien permanent
Le soleil est revenu. Nous avons travaillé au potager. Déterré les pommes de terre. Bintjes, rattes tarabiscotées, « œil de perdrix » rose crème. Cueilli encore des haricots et nettoyé les planches. J’ai tondu les allées. Amélie a taillé les plants de tomates. Le soir, nous étions invités par Jean-Luc Lefrançois au presbytère de Donville. La vieille longère qui l’abritait autrefois a été vendue il y a quelques années par la municipalité . Le clergé a maintenant à sa disposition une villa des années cinquante dans un quartier des hauteurs. Seul vestige de la précédente adresse, la très ancienne croix de granit, rapportée et scellée dans le muret de la clôture. J’étais content de voir Jean-Luc « chez lui » et de poursuivre plus avant notre discussion ébauchée en juin à la maison. Nous avions parlé de sa vocation pas vraiment ordinaire. Ancien disc-jockey, il est resté fasciné par le monde de la nuit. Je sens une assemblée de prière comme une piste de danse, dit-il presque sans rire. Il est généreux et inquiet. Avec ce beau courage de ceux qui font le premier pas quoi qu’il leur en coûte. Il anime aussi une émission de radio sur Tendance Ouest (Au cœur de la vie où il reçoit des artistes : comédiens, chanteurs, écrivains…). Il avait déjà évoqué le (lointain) projet d’écrire un livre sur son parcours, sur ses rencontres. Je pensais que nous allions en reparler. La soirée a été plutôt… bizarre. Nous avons dîné avec Alina Reyes qu’il venait d’interviewer et qui logeait là à la suite d’une série de débats dans la région pour son dernier livre, Psaumes du temps présent : 70 prières pour Son retour aux Presses de La Renaissance. Je la connaissais plutôt pour Poupée anale nationale. Je me souvenais d’ailleurs d’une conversation avec Serge. Le corps, l’engagement politique, la douleur sociale. Il venait de publier d’elle La dameuse. Quelques mois avant, elle avait sorti, chez Bayard, La jeune fille et la vierge, un petit texte sur son itinéraire spirituel de conversion autour de Bernadette Soubirous. Radical changement de sujet et de prédilection. Nous nous sommes retrouvés à Donville embarqués dans une démonstration un peu pénible où revenaient sans cesse les mots déchets et pureté. Dieu me parle en direct, répétait-elle. Rien à répondre. Les convertis, ces nouveaux riches de l’absolu, disait Cioran.