Samedi 4 avril. 23h50
Par Xavier Houssin le vendredi 10 avril 2009, 16:12 - Lien permanent
Ariane m’avait prêté sa voiture. Nous sommes allés la chercher au parking Saint-Germain. Un grand break Peugeot bleu aux portières défoncées. Sans elle, cela aurait été bien compliqué. Aller à Senlis par les transports en commun est une petite expédition. Le train gare du Nord jusqu'à Chantilly. Le car ensuite. Des horaires capricieux et un trajet interminable pour seulement cinquante kilomètres. Je signais mon livre en début d'après-midi dans une « nouvelle » librairie de la place Henri IV. Je dis juste « nouvelle », parce qu'elle n'existait pas autrefois. Enfin, du temps où j'habitais là-bas. J'aurais mieux aimé être dans la librairie que tenait Mme Fiévet, là où sont tous mes souvenirs de lectures d'enfance, mais pour tout un tas de raisons, ce n'était pas possible. Je n'ai pas perdu au change. Christian Sohier, le « nouveau » libraire a été charmant, attentif. Il avait fait toute une vitrine où l'on ne voyait que mon livre et j'ai vu bien des gens. Nous nous étions promenés avant. Je n'ai pas voulu aller jusqu'à la maison, mais nous avons marché. La rue aux Flageards, la place de la Halle, la rue du Châtel. Mon ancienne école de la rue Saint-Péravi. La Fausse-Porte. La rue du Puits-Tiphaine. Je connais par coeur les pavés, les façades. Je pourrais me promener ici avec les yeux bandés. J'ai senti qu'Amélie épousait tout cela et mon émotion s'est rassemblée en elle. Mme Fiévet était là la première et on s'est embrassés. C'est à elle que je dois ce goût que j'ai des livres. Je passais des après-midis dans sa boutique. Le tourniquet des poches, les étagères basses, les rayons, les casiers. Mon monde est né chez elle. Petit monde de papier. Et puis sont arrivées d'anciens élèves de ma mère, celles d'Anne-Marie Javouhey et ceux de Saint-Vincent, des Senlisiens aussi que j'avais oubliés. Mme Rallon, Mme Werhlé, M. Sochalas, le père de Blandine. C'est drôle comme se retissent les liens comme en hier. Fabienne m'avait envoyée une amie. Patrick m'avait dépêché son fils. Je reviendrai à Senlis, j'y ai mon prochain livre. Il est là en entier, juste passé l'écran du trop de nostalgie. J'ai repris la voiture pour rentrer à Paris. Bouchons sur l'autoroute. Je me suis perdu dans la Plaine Saint-Denis. Nous sommes arrivés en retard pour le dîner chez Evelyn, rue Coquillère. Il y avait Christine, Marianne. Nathalie, qui avait retardé son départ en vacances juste pour qu'on se voie. Champagne.