Samedi 28 mars. 23h50
Par Xavier Houssin le mardi 31 mars 2009, 21:52 - Lien permanent
J’étais attendu dans la librairie de Jean-Paul à Pré-du-lac pour une signature. Nous sommes partis avec la 2CV bleue. Temps d’eau. L’herbe était couchée sous les trempes de la nuit. En descendant le raidillon d’accès à la maison tout glissant de bruine, la voiture hoquetait d’humidité. J’appréhendais un rien cette matinée où je devais rencontrer beaucoup d’oncles, de tantes et de cousins. Toujours cette peur de ne pas se souvenir, de ne plus savoir mettre les noms sur les visages. Pourtant, grace aux révisions qu’Amélie m’avait fait patiemment faire, je suis parvenu à un (presque) sans fautes. Elle m’a soufflé le reste... Olivia et Milène sont venues les premières. Un café, puis deux. Bavardages et nouvelles. J’ai dédicacé quelques livres à des clients de la librairie. J'étais en train de parler de la grande sauterelle verte (tettigonia viridissima), du flambé aussi (iphiclides podalirius) et de Jean-Henri Fabre à un vieil entomologiste du coin, astronome à ses heures, quand tous les autres sont arrivés. Et en nombre. Alain et Jacqueline, Véronique et François, Hervé et Marie-Camille, Fanette et Jean, Marie-Cécile et Danielle, Caroline, Toinon, Patou, Christian, Guillaume. Il y avait aussi Marie et Jacques, Marie-Jeanne et Dominique, Jeannine qui avait été la prof d'histoire d'Amélie à Abidjan, et les Estradier (Cécile et Bernard) dont j’avais entendu dire une fois que la pelouse de leur maison de Saint-Vallier avait été, sous les chênes, envahie de truffes une année, à n’en savoir qu’en faire... On en a juste ramassé deux cents grammes en janvier dernier, c'est tout. Une grande partie de ce petit monde s’est retrouvée aux Margouillats pour un apéritif qui a duré si tard qu’il s'en est fallu de peu que nous enchaînions directement avec le dîner. Avec Claire et Emmanuel, nous étions invités au « 12 » par Toinon, la tante d’Amélie. Singulière initiation en ce qui me concerne. Le 12 boulevard Thiers à Grasse est la maison de famille. Une belle bâtisse à hautes fenêtres et terrasses où vivaient les grands-parents d’Amélie et où beaucoup de ses oncles et tantes sont nés. Le lieu est impressionnant tant il est envahi de passé. Mais d'un passé étrangement vivant ou plutôt habité. Il s'agit ici d'un conservatoire des souvenirs, surtout pas d'un musée. Pièces immenses, corridors et tapis. Je me suis fait expliquer les portraits directoire, les photos dix-neuvième. C'était qui? C'était qui? Amélie discrètement m'a entraîné vers ses recoins d'enfance. Ca sonnait à la porte. Oui, on va les rejoindre. A nouveau embrassades. Tu veux boire quelque chose? Patou m'a servi d'office un pastis où il ne restait plus beaucoup de place pour l'eau. C'était parfait pour l'heure. Il loge ici, Patou, au rez-de-chaussée. Sa soeur Toinon est à l'étage. A table nous étions dix. Soupe de salsifis, tarte fine aux poivrons. J'ai oublié le reste. J'étais un peu ému. Un peu plus qu'un peu.