Vendredi 27 février.23h50
Par Xavier Houssin le samedi 28 février 2009, 00:02 - Lien permanent
Le wagon état rempli de scouts qui allaient au Mont-Saint-Michel. Des garçons et des filles. J'ai essayé de travailler dans le brouhaha de leurs conversations agitées. Peine perdue. J'ai été vite distrait. Une phrase. Des rires. Une histoire échappée. Je me suis réfugié dans la contemplation du paysage brumeux. Je suis parvenu quand même à terminer la lecture de L’Ile aux fous d'Ana García Bergua au Mercure de France. Etonnant roman. Il est la réécriture, la réinvention particulière d'événements tragiques survenus au début du XXe siècle sur l'île de Clipperton. Une petite garnison militaire, avec femmes et enfants, avait été envoyée là-bas par le Mexique qui revendiquait cette terre perdue du Pacifique. Presque tous avaient péri. Leur pays les ayant complètement « oubliés » pendant sa révolution. Le livre commence avec le sauvetage des rares survivants par un navire de guerre américain en 1917. C'est empli de terreur et d'étrange. D'effrayante tendresse. Une chronique des remords. De la fatalité. J'en ai été tout envahi. A Carolles, M. Giffard travaillait dans la maison. La nouvelle chambre est presque finie. Il a remis d'aplomb la porte du garage. Elle en avait besoin. Je suis allé faire les courses au village. Du pain, deux larges tranches de jambon à l'os. Je suis passé voir Georgette aussi. Elle m'attendait. Nous sommes restés un moment à bavarder. Henri est rentré chez lui malgré l'avis des médecins. Il ne sait plus marcher. Ne se déplace dans l'appartement qu'accroché à son déambulateur. Il ne mange presque plus. Repousse les visites. Ah, il n'en fait qu'à sa tête. Elle n'approuve pas, mais je sens bien qu'elle comprend. C'est qu'il ne veut plus s'accrocher, dit-elle. Tous ses efforts sont tournés vers lui-même. Elle m'a parlé de mon père. De ses dernières années emmurées dans le silence et la maladie. Confidences par bribes. Tu ne sais pas. Tu ne venais pas souvent. Elle m'a fait lire le cahier où elle note de petites maximes, où elle écrit des poèmes. J'avais du mal à partir. Je reviens demain, avec Amélie... En rentrant, j'ai profité du jour qui dure pour travailler un peu au jardin. Il donne partout des signes de printemps. Les hortensias et les pivoines arbustives sont en boutons. Les narcisses plantés pour mai ont déjà quelques centimètres et les aillots sous le frêne font une large tache jaune. J'ai écrit deux brèves mexicaines, rêvassé. Amélie a téléphoné quand son train arrivait en gare de Villedieu. Plus que vingt minutes jusqu'à Granville. Je suis allé la chercher à la gare.