Vendredi 27 février. 0h15
Par Xavier Houssin le vendredi 27 février 2009, 00:32 - Lien permanent
J'ai préparé Jeux d'Epreuves pendant la matinée. Rédigé quelques mots sur Dans ma maison sous terre de Chloé Delaume. Regardé à nouveau les autres livres pour l'émission : Nullipare de Jane Sautière, L'autofictif d’Éric Chevillard, Boue de Guillermo Fadanelli... Je m’étais arrêté sur ce roman, paru chez Bourgois, dans le milieu de mes lectures mexicaines. Le premier chapitre est terrible de lucidité sur l’âge. Sur le corps. Il est faux, écrit Fadanelli, de dire qu'on pourrit lentement, vous le faites en quatre ou cinq coups, qui de surcroît vous surprennent toujours. Pendant des mois, votre visage reste immuable, statique, et même rajeuni. Soudain, à sept heures du matin, (…) la cire fond, la peau se relâche, les dents sautent de leur place, le dos se ploie, et vos cuisses commencent à s'arquer, semblables à deux sourires aigres… J'avais du temps avant l'enregistrement : j'ai décidé d'aller déjeuner aux Ondes. Il était 14h00 passé. Je devais être affamé car j’ai dévoré le tartare et les frites. Englouti la corbeille de pain en entier. J'ai pris deux cafés. J’allais en commander un troisième quand j’ai vu Alexis se diriger vers la Maison de la radio. C’était l’heure. Dans le couloir, devant le studio, j'ai retrouvé Baptiste. Nous avons parlé de la mort de François Dufay, renversé par une voiture pendant ses vacances. On se connaissait peu. Je l'avais juste croisé quand il travaillait au Point. Mais il y a dans ce métier une proximité d'espèce. Nous étions bouleversés tous les deux. Il était marié. Il laisse trois enfants... L'enregistrement a commencé avec un peu de retard. J’espère que j’ai su défendre Dans ma maison sous terre. Faire passer mon émotion, dire un peu de l’élan intérieur qui m’a saisi à la lecture de ce texte si noir, si tendre, si désespéré. Il y a bien des années, j’avais noté dans un petit carnet cette phrase de Raymond Carver : Inconsolable, c’est le mot le plus triste du monde. Ca m’est revenu d’un coup à cette lecture. En rentrant, je n’ai pas eu le courage de me remettre à mes papiers. J’ai étiqueté les plantations, arrosé délicatement. Et je me suis lancé dans le rangement du foutoir de l’appartement. J’ai tout trié en tas, en piles. Je ne faisais que déplacer l’envahissement. Je devais avoir multiplié le désordre par dix quand Amélie est arrivée.