J'ai enfin pu déjeuner avec Anny. Cela faisait au moins quatre ou cinq fois que nous remettions nos rendez-vous. Nous nous sommes retrouvés à l'Alcazar, restaurant un peu glacé de la rue Mazarine qui a pris la place de ce cabaret pailleté des années 1970. Dans ce drôle de décor, nous avons causé enfances, racines, origines. Savoir d'où l'on vient... Je ne suis pas comme elle de cette paysannerie, de cette terre. Chez moi tout se dilue. Il faut réinventer. Pas de lignée et trop de lieux. La Baie me convient bien, allez. C'est le point de rencontre des histoires. Le désert mouillé. Les changeants paysages. J'ai passé l'après-midi à préparer la soirée que je devais animer autour de l'oeuvre de Véronique Bergen à Beaubourg. Griffoner des fiches. Relire. Choisir les extraits des textes. C'est lyrique, Bergen. Ce n'est vraiment pas à la mode, mais ça embarque. Il suffit de se laisser aller. Pas mal de monde était rassemblé dans la petite salle où se passait la rencontre. J'ai senti une vraie attention. Un profond silence quand elle parlait. Francine, l'organisatrice du cycle à la BPI avait l'air contente. Du coup moi aussi. Enfin, plutôt, je me sentais soulagé. Amélie s'était installée discrètement au dernier rang. Dès la fin, nous avons filé tous les deux. Un baiser à Véronique. Quelques poignées de main. A peine dit au revoir. C'est que nous étions attendus au Lucernaire pour la soirée des auteurs Buchet. Nous sommes arrivés bien après les lectures des Lettres d'amour et d'affaires de la marquise de Balbian que Pascale avait édité en octobre. Plus grand chose à grignoter non plus, mais il restait un peu à boire et plein de gens à voir. Je crois que je suis bien dans cette maison d'édition. Et j'avoue : j'étais comme en famille. Il y avait Mercedes, Bernard, Fabienne, Daniel, Joël, Caroline. J'ai parlé de Besançon avec Daniel, de demi-mots avec Marie-Hélène et de ma mère avec Cookie. Je crois que nous avons beaucoup à nous souvenir et à nous raconter tous les deux. Moi, en tout cas, j'en ai besoin.