Nous sommes retournés au musée ce matin. J'ai trouvé la toile que je voulais montrer à Amélie. Il s'agit de Deux jeunes phoques sur un rivage de Paul de Vos. Une étonnante composition XVIIème qui mèle peinture animalière, nature morte et paysage. Les deux phoques, énormes, ont une bizzare morphologie. Ils sont trop courts, trop ramassés, posés presque n'importe comment sur un banc de sable où gisent d'improbables coquillages. Il y a notamment un escargot carapaçonné noir et or et qui sort un long corps cornu et luisant. L'arrière-plan est occupé par un village masqué en partie par un rideau de hauts arbres verts. On voit surtout un clocher. J'ignore pourquoi, mais ce tableau me fascine. Il est envahi d'étrange et de douceur. Claire a téléphoné. Elle nous a appris le décès de Beatrix Beck, à quatre-vingt-quatorze ans, pendant son sommeil, à Saint-Clair-sur-Epte. Magnifique écrivain. Adulée. Oubliée. Retrouvée. J'ai passé un coup de fil à Valérie qui la connaissait bien, qui la voyait souvent. Nous avons marché jusqu'au Battant. Déjeuné dans un restaurant où j'étais venu avec Marie il y deux ans. Croûte aux morilles, poulet au vin jaune. La présence de Marie ne m'a pas quitté tous ces jours derniers. Souvenir de Besançon avec elle. Nous avons attrapé le train de justesse. Les valises lourdes et le coeur un peu vague.