J’ai dormi dans le train. Je me suis réveillé au dernier tiers du voyage. A Vire, le ciel était tout bleu. Lavé. J’ai appelé Georgette de la gare de Granville. Cette semaine, pris par tout et n’importe quoi, nous ne lui avons pas téléphoné. Quand nous y pensions, c’était encore trop tôt ou déjà trop tard. Elle n’a rien dit, mais j’ai compris qu’elle s’était sentie un peu délaissée. Est-ce pour cela qu’elle qui n’a jamais besoin de rien voulait que je lui achète un tas de choses ? De l’huile d’olive, du vin rosé, du beurre, des asperges vertes en bocal, de l’eau d’Evian, des raviolis en boîte, une brioche… Je n’avais pas de stylo pour noter. Et elle qui insistait : N’oublie rien ! Sur le chemin du supermarché, je me répétais la liste de courses en litanie. Sous le soleil, j’ai trouvé le jardin luisant d’eau. La maison glaciale. J’ai fait du feu. Allumé en grand les radiateurs. Il faisait à peine tiède pour l’arrivée d’Amélie.