Mercredi 10 septembre. 22h30
Par Xavier Houssin le jeudi 11 septembre 2008, 10:48 - Lien permanent
J'avais rendez-vous pour déjeuner avec Bruno au Trocadéro. Il m'attendait sur les marches du musée de la Marine dont il est, je crois, le directeur culturel. Nous ne nous étions pas revus depuis que Julie nous avait fait venir tous les deux dans la maison de Vitry qu'elle débarrassait après la mort de Brigitte. Elle nous avait demandé de choisir quelques souvenirs. J'avais emporté les boîtes d'insectes. Bruno, deux ou trois livres. Je dois à sa fidélité de ne pas l'avoir perdu de vue. Nous nous sommes échangé les nouvelles. Je lui ai reparlé du Brennus, ce navire de la flotte de l'amiral Courbet sur lequel mon grand-père François avait embarqué comme quartier-maître et dont j'avais découvert la figure de proue lors d'une exposition au Musée. Il me reste pas mal de documents attachés aux campagnes de ce grand-père mort en 1921. Que pourrait-on en faire? Je suis redescendu par les jardins du palais de Chaillot. Il faisait très chaud. En longeant la pelouse un peu pelée où se trouve le buste de Paul Valéry, j'ai été brutalement envahi d'une grande lassitude qui m'a forcé à m'asseoir sur un banc. Bien plus que de fatigue, c'était comme si quelque chose d'impératif m'avait arrêté à cet endroit. Je suis resté un moment à rêvasser. J'allais par ici assez souvent, enfant, avec ma mère. Mais je ne garde de souvenirs que des musées. De l'aquarium. Il y a pourtant autre chose, diffus et important. Je traversais la Seine au pont d'Iena quand Amélie m'a appelée. Je l'ai rejointe au Marché Saint-Germain pour un café rapide avec Géraldine puis j'ai filé chez Buchet avancer mes projets pour la collection. Au soir, je retrouvais Marie pour lui remettre le gros sac de bricoles et les chaises pliantes achetés pour elle chez Ikea lundi. Toujours pleine d'enthousiasme pour son nouveau travail. Elle revenait de l'entrepôt de sa galerie d'art à Argenteuil. Caverne d'Ali Baba d'art contemporain. Elle est restée dîner avec nous. Nous l'avons mise dans un taxi avec tout son encombrant barda. De retour à l'appartement, j'ai téléphoné à Victor-Antoine pour lui annoncer la venue probable de Frédéric et Dominique dans son monastère américain. Nous avons parlé assez longtemps. Et nous nous sommes promis de nous écrire. Pour reprendre là où nous l'avions laissée, il y a bientôt deux ans, notre conversation si discrète et si amicale.