Nous avons relâché le hanneton. Ce matin, il avait fait un atterrissage maladroit dans la tasse du petit déjeuner d'Amélie. Je l'ai posé contre l'écorce du sapin. Il a grimpé sur le tronc quelques centimètres jusqu'à trouver une aspérité qui lui convienne, puis il s'est envolé. Des années que je n'en avais pas vu. Etrange solitaire. J'avais le souvenir de grappes bourdonnantes. Où sont passés les autres? En coupant les hautes herbes aux Fontenelles hier, je n'ai pas dérangé beaucoup d'insectes. Depuis quelques années, ils semblent avoir déserté les jardins. J'ai guetté du coup pendant un bon quart d'heure. Juste aperçu, rapides, quelques bourdons des pierres. Un vulcain, puis deux, entortillés dans un joli ballet orange. C'est tout... Quelque chose a changé. Je vais relire Rachel Carson. Nous sommes dans les prémices du Printemps silencieux...