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mercredi 23 octobre 2024

Samedi 19 octobre 2024. 21h35.

Déjeuner au Comptoir à Granville chez Patricia et Michael. Toujours aussi bien. Nous y avions presque nos habitudes à un moment. Pourquoi n’y allons-nous pas plus souvent ? Déposé la Harpe chez Séverine. Nous partons à Grasse pour la Toussaint. Et le 28, ce sera l’anniversaire conjoint d’Amélie et de son père. En fin d’après-midi, nous étions invités à découvrir, travaux enfin terminés, l’appartement que Brigitte et Yann ont acheté rue Saint-Gaud. Un quasi appartement-témoin puisqu’ils n’y ont jamais passé une nuit. C’est leur pied à terre granvillais qu’ils habiteront… un jour. Pas tout de suite. Yann est trop attaché à son jardin. En attendant, ils y passeront de temps en temps. Leurs fenêtres donnent sur la Fontaine-Bedeau, les bâtiments de l’école de voile et, bien sûr, heureusement, la mer. Nous avons partagé une bouteille de champagne. Trinqué à ce nouveau chez eux et à leurs vacances. Ils partent au Maroc pour deux mois. Là-bas aussi ils sont propriétaires d’un deux ou trois-pièces qu’ils occupent… peu.

Vendredi 18 octobre 2024. 20h05.

Reçu le prochain catalogue de la vente d’histoire naturelle chez Million. Il y a un lion, un tigre, des ours, tout un tas de taxidermies exotiques et aussi la suite des spécimens du « musée » castrais d’Yvan Delqué. Ce sera le 15 novembre à Drouot. J’ai encore le temps d’y penser. Fait la taille d’automne des rosiers, arraché les débordements de la passiflore.

Jeudi 17 octobre 2024. 23h10.

Cette fois, le train d’Amélie est arrivé à l’heure. Elle m’apportait en cadeau deux places à la fin du mois au Théâtre de la Porte-Saint-Martin pour La serva amorosa de Goldoni. Une comédie de 1752 que je n’ai jamais vue. Mise en scène de Catherine Hiegel qui avait interprété le rôle principal au Français en 1992 sous la direction de Jacques Lassale. Je me réjouis d’avance.

Mercredi 16 octobre 2024.17h00.

Un peu de courrier en souffrance. Je m’aperçois que je n’arrive plus à écrire de longues lettres. Je cale au bout d’une page, une page et demie, pris dans une espèce de hâte d’en finir. Comme s’il fallait vite passer à autre chose. Mais à quoi, Grand Dieu ? C’est juste qu’il y a comme un embouteillage de tout ce qu’il faudrait que je fasse. Je suis encombré. Je ne m’en sors pas. J’ai fait deux propositions pour les pages « Mélange des genres » : Les fleurs animées, le très joli recueil de Taxile Delors connu surtout pour les illustrations de Grandville et les poèmes de François Turcot Les pas fantômes. Amaury da Cunha vient de récupérer cette rubrique fourre-tout où se côtoient le polar, la BD, l’histoire littéraire ou la poésie. Pas facile de gérer ce bariolage. Il le fera, j’en suis certain, avec une délicatesse intelligente (je me souviens de ses papiers sur Bergounioux). Après deux années bien fades.

mercredi 16 octobre 2024

Mardi 15 octobre 2024. 22h10.

Cécile a perdu sa mère la semaine dernière. Quatre-vingt-quatorze ans. Elle va l’enterrer jeudi aux Adrets, le village de son père en Chartreuse qui y repose depuis trois ans. Je me souviens de son prénom, Juliane, et aussi que chez elle, dans le Nord, à Béthunes, on disait Juyanne. Je l’ai lu dans Pouvoirs magiques, si beau roman des origines, que Cécile a fait paraître en 2015. Je vais le relire.

Lundi 14 octobre 2024. 20h45.

Amélie m’a dit la nouvelle. Elle l’a apprise par une pêcheuse de Granville dont elle suit les activités. Chez François, c’est fini. Le restaurant ferme définitivement. Enfin, il n’y a pas de réouverture prévue. Et c’est pour cause de « convalescence ». François, c’est François Plombin qui doit avoir aujourd’hui dans les cinquante-cinq ans. Un grand type maigre, pince-sans-rire. Terriblement gentil. Cela fait bien trente ans qu’il tient cette affaire à Genêts. Dans la vaste cheminée, il fait des grillades au feu de bois. Côtes de bœuf, côtelettes d'agneau, saucisses, crépinettes, pieds et groins de cochon farcis au boudin noir. La carte, des entrées au dessert, ne change pour ainsi dire pas. On s’installe à de larges tables et on est simplement bien. Bien à tel point d’ailleurs qu’il faut réserver au moins deux semaines à l’avance. Nous y avons fait notre repas de mariage en 2009. Nous étions une vingtaine, le restaurant rien que pour nous. Il nous avait fait rôtir des canettes. Nous sommes venus souvent là-bas. Plus beaucoup ces derniers temps. Je le regrette.

mardi 15 octobre 2024

Dimanche 13 octobre 2024. 19h45.

C’est l’anniversaire de mon père. Il aurait eu cent-vingt-et-un ans. J’y ai pensé car, maintenant que nous avons fait refaire les peintures, je nettoyais et rafistolais les cadres des photos de famille que je dois replacer dans l’entrée. La sienne date de l’été 1940. Elle est prise à Sydney. Il vient de rejoindre la France libre. Avec Félix Broche. Ces deux jeunes capitaines sont à l’époque les seuls officiers d’active du Pacifique appartenant aux armes combattantes à se rallier. Broche est tombé à Bir-Hakeim en 1942. Mon père est resté en Nouvelle-Calédonie pour faire face aux menaces d’invasion japonaises. Il n’est vraiment pas pour rien si le drapeau français a continué à flotter sur l’île. Il serait triste, amer et surtout en colère, s’il voyait l’effrayant chaos qui règne là-bas aujourd’hui. Temps gris. Mal fichu. J’ai raccompagné Amélie au train. Oh, que je n’aime pas quand elle s’en va.

Samedi 12 octobre 2024. 18h00.

Sur la terrasse, les marronniers perdent leurs feuilles. Les marronniers, nos marronniers. Chacun dans un grand pot, de part et d’autre de la fenêtre de mon bureau. Nous avions ramené le premier en 2015. Une pousse de marronnier blanc (Aesculus hippocastanum) récupérée au pied du vieil arbre qui ombrageait la cour de récréation de son école de son école maternelle, Saint-Joseph, à Oudon, ce bourg de Loire-Atlantique où Amélie a grandi avant de partir en Afrique. Le deuxième vient du Cours, à Senlis, devant la maison de la rue du Moulin-du-Gué-de-Pont où j’ai passé les dix-sept premières années de ma vie. C’est un marronnier rose (Aesculus x carnea), recueilli en mai 2021. Enfin, blanc ou rose, ils n‘ont pas fleuri encore. Ils ne poussent pas pareil. Celui d’Oudon reste touffu, l’autre monte un scion très droit. Ils vont bientôt être à l’étroit dans leurs pots. Il faudrait les planter en pleine terre. Impossible ici, sauf peut-être à abattre et déraciner les deux sapins devant la maison. Un chantier gigantesque pour mon tout petit jardin. Sans parler de la somme qu’il faudrait débourser. Et puis, je ne me sens pas le droit de les couper. J’ai pensé un moment acheter un terrain, mais il serait loin (tout ici est constructible), et je ne les verrais pas tous les jours. En attendant je ne sais quoi, je les soigne.

lundi 14 octobre 2024

Vendredi 11 octobre 2024. 16h20.

M. Deminguet, le peintre est venu faire quelques retouches dans la cuisine. Il doit nous poser un long tapis rouge foncé dans le couloir. Cela cachera les usures du sisal et donnera un côté presque cossu à mon petit musée d’histoire naturelle. Thierry Giffard est passé raboter les portes. Il n’y a plus qu’à…

Jeudi 10 octobre 2024. 23h00.

Rangé mon bureau. Il était tellement encombré que je n’arrivais plus à y mettre un pied. Piles de livres instables, papiers entassés. Ma table de travail entièrement recouverte. J’y ai passé la journée. En fait je ne sais pas mettre de l’ordre. Je déplace juste mon bric-à-brac. Je le cache dans les rares tiroirs ou placards qui ne sont pas encore pleins. Mais au bout du compte, je suis parvenu à dégager à peu près correctement l’espace. Le train d’Amélie, resté bloqué à Argentan, est arrivé à Granville avec plus d’une heure de retard. Elle était la première sur le quai. Enfin te voilà…

Mercredi 9 octobre 2024. 12h20.

Je suis fatigué. Je peine à me lever après des nuits agitées de rêves bizarres. J’entame ma journée enberlificoté dans les lambeaux chiffonnés d'inquiértantes images nocturnes. Tout me demande des efforts. Je repense à cette réplique de Pierre, interprété par Jean-Luc Bideau, dans La salamandre d’Alain Tanner, alors qu’avec Paul ils arrivent au village de Rosemonde encaissé dans une vallée de montagne. Il neige. J’ai froid, j’ai faim, j’ai soif, j’ai mal aux reins, j’ai pas très gai.

mardi 8 octobre 2024

Mardi 8 octobre 2024. 20h40.

La Harpe a eu neuf ans hier. Je me souviens bien de cette petite boule de poils que nous avions choisie dans la portée à Achères. Son père s’appelait Jules et il était anglais. Sa mère Dottie était polonaise. Je ne lui ai pas fêté son anniversaire, la « vraie » date pour moi est le 11 janvier lorsque nous sommes allés la chercher au chenil et que je l’ai ramenée en voiture à Carolles. Chaque année en octobre, c’est la visite chez le vétérinaire. Bilan rapide et vaccins. M. Berger l’a trouvée en forme. En repartant j’ai regardé le tableau comparatif des âges homme/ chien. Et bien, elle a soixante-neuf ans. Comme moi.

Lundi 7 octobre 2024. 21h00.

J’ai reçu un appel de Capucine que j’avais rencontrée chez Stock au moment de La fausse porte. Elle m’avait accompagné très doucement dans la relecture du texte. Ça fait bien dix ans qu’on ne s’est pas vus. Aujourd’hui elle me propose, pour France Culture, d’intervenir dans une émission sur Jean Cayrol dont j’avais publié en 2009 une anthologie poétique. J’ai dit oui tout de suite bien sûr. Jean Cayrol m’est tellement important. Oh, comme je suis touché qu’elle ait pensé à moi.

Dimanche 6 octobre 2024.19h45.

Nous avons gardé Laurence et Patrick pour le déjeuner. Les autres sont repartis dans la matinée, qui à Paris, qui à La Rochepot, en Côte-d’Or, près de Puligny-Montrachet. Rangé un peu. J’ai accompagné Amélie au train du soir. Rentré à la maison seul avec La Harpe. Tout était silencieux.

Dimanche 6 octobre 2024. 1h15.

Nous nous sommes partagés la journée. Amélie a emmené Laurence, Victoire et Trip traverser la baie, Agnès et François sont partis visiter Granville. Mathieu, son neveu, est allé voir Etienne qui ne va pas très fort. Il est chez lui mais a dû être hospitalisé il y a peu. En fait de sciatique, ce dont il souffre est, semble-t-il, plus… compliqué. De mon côté, je suis allé avec Patrick à la fonderie Cornille de Villedieu chercher la cloche que nous avions commandée avec Amélie en août pour la maison de Virginie et Marcus à Valle de Bravo. Nous avons récupéré les marcheurs au Bec d’Andaine et tout le monde s’est retrouvé à Carolles pour le dîner. Côtes de bœuf et frites. J’ai eu un peu du mal à tenir le rythme pour les frites. La friteuse (aussi) est petite. Bu la caisse de graves qu’avait apporté François. Et quittés repus d’histoires de famille et de bonne humeur.

Vendredi 4 octobre. 23h50.

Ils sont tous arrivés en fin d’après-midi. Laurence et Patrick de Rouen, Agnès et François de Paris où ils avaient récupéré Mathieu, Victoire et Trip de Bruxelles. Nous étions neuf à table ce soir. Il y avait de la charcuterie, une énorme marmite de moules et des camemberts de Gavray. Du saint-amour et du côtes-du-rhône. La table avait toutes ses rallonges et la salle à manger paraissait bien petite. Comme la maison d’ailleurs. La chienne qui avait pourtant fait la fête à tous s’était prudemment retirée de l’agitation.

lundi 7 octobre 2024

Jeudi 3 octobre 2024. 23h00.

Marché à Saint-Pair. J’ai juste fait les courses pour le dîner de l’arrivée d’Amélie. Tartare de bar, piments frais, coriandre, salade croquante. Demain nous attendons des cousins, son oncle aussi. Tout ce monde traverse (pas forcément tous d’ailleurs) la baie du Mont-Saint-Michel. Amélie est ravie de ce moment de famille. Elle est impatiente.

Mercredi 2 octobre 2024. 18h50.

La Maison des écrivains et de la littérature me propose de participer à un programme d’écriture avec des scolaires. Je ne me suis pas prêté à ce genre d’exercice depuis bien dix ans. J’allais dans des collèges et des lycées dits « défavorisés » parler de livres à des adolescents pas toujours très motivés. Les aider à écrire leurs histoires avec leurs mots à eux. Il y a eu de beaux moments, des rencontres avec quelques-uns. Deux ans de suite, en quatrième, puis en troisième, au collège Eugène Varlin du Havre, avec le même professeur de français, j’ai accompagné les élèves. J’écrivais alors La fausse porte et d’une certaine manière nous partagions l’avancée des travaux. Je pense encore à eux. Aujourd’hui le projet s’appelle « Par nature, des ateliers littéraires avec le vivant ». Il s’agit d’évoquer le rapport de l’écrivain à la nature et à l’environnement et la possibilité de le transcrire en littérature, puis de mener des ateliers d’écriture avec les élèves, en intégrant si possible la lecture à voix haute. Le texte réalisé devant être un discours visant à convaincre de l’importance de prendre en compte la nature et de veiller à sa préservation tout en luttant, si possible, contre l’éco-anxiété, très présente chez les jeunes gens. Tout cela m’apparaît bien compliqué. Et un peu tiré par les cheveux en ce qui me concerne. En plus je n’ai rien publié depuis quatre ans. Sans compter que le lycée se trouve à Cherbourg, soit deux heures de voiture, que je devrais faire garder la chienne… Bref, je crois que vais m’abstenir.

dimanche 6 octobre 2024

Mardi 1er octobre 2024. 20h10.

J’ai envoyé mon papier sur le Clémentine Mélois. J’aurai mis un temps infini à m’y mettre, mais aussi à l’écrire. Cela m’arrive quand je ressens trop de proximité avec un texte. Je bute sur le moindre mot, j’ai peur de pas être à l’aune de mon émotion, je me trouve malhabile, maladroit. Ce récit faisait écho, bien sûr, à celui que j’avais publié en 2009 sur la mort de ma mère et créait ainsi comme une parenté un peu encombrante dont j’ai eu du mal à me détacher. Le livre de Clémentine Mélois est celui d’un chagrin éclatant, lumineux, coloré. Ce n’est pas un tombeau littéraire, c’est une consolation.

Dimanche 29 septembre 2024. 17h15.

Lorsque nous avons fêté ses quarante ans en août, j’ai proposé à Marie de lui offrir un week-end avec moi quelque part en Europe, comme nous avions fait pour les trente, à Vienne. Il doit y avoir un tropisme germanique lié à ces anniversaires, puisque je me suis dit qu’aller à Munich était une bonne idée. Ça a eu l’air de lui plaire, même si ce ne sera pas une découverte pour elle puisqu’elle s’y est déjà rendue une fois pour son travail. Elle me servira de guide. Je connais mal l’Allemagne et pas du tout la Bavière. Elle m’a donné ses disponibilités et je viens de réserver les vols et un hôtel dans le centre-ville pour trois jours mi-avril. Cela paraît bien loin, mais je commence à me rendre compte à quel point le temps passe vite.

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