J’ai reçu un petit mot de Lucien Suel pour me remercier du papier sur La justification. Il me raconte entre autres que son père est né à Bacilly (à 15 km de Carolles) à la fin de la guerre de 1914, sa famille ayant fui Tourcoing, zone occupée par les Allemands. Des réfugiés comme l’avaient été Angèle et ses enfants à Chassignolles.
vendredi 17 juillet 2020
Jeudi 18 juin 2020. 10h50.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:16
Mercredi 17 juin 2020. 18h00.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:15
Je vais m’occuper de la poésie au Monde des Livres. Cela faisait un moment que j’en avais envie, sans oser le proposer. J’en avais finalement parlé à Raphaëlle au début du mois. Macha qui gère les pages « Mélange des genres » (on y parle aussi polars, jeunesse ou photographie) m’a demandé des propositions pour la rentrée et commandé un papier pour le numéro du 2 juillet. J’ai choisi le dernier recueil de William Cliff, Le temps, à la Table Ronde.
Mardi 16 juin 2020. 21h00.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:14
Une masse de courrier en retard. J’ai écrit à mes oncles René et Georges. Quatre-vingt-dix et quatre-vingt-neuf ans. Ils sont les derniers de la grande fratrie. Je leur ai demandé d’essayer de rassembler leurs souvenirs sur Chassignolles. Pas les leurs directement, ils sont nés bien après la fin de la Grande Guerre, mais je suis certain qu’ils en ont beaucoup, beaucoup, entendu parler. Dans la famille, le village de naissance de ma mère était en effet devenu un lieu quasi légendaire. Et un vrai lointain aussi, car ses treize frères et sœurs ont tous vu le jour à Roubaix. Sans compter qu’il s’agit du seul vrai voyage de ma grand-mère Angèle. J’espère qu’ils pourront me rapporter des riens, des bouts de phrases, des morceaux d’anecdotes. Des impressions. J’aimerais aussi qu’ils puissent retrouver un peu de ce que l’on disait de leurs grands-parents maternels, d’Houplines. De leur tante Clémence, de leur cousine Suzanne. De la guerre en général et de leurs oncles morts au combat. De leur demi-soeur Jeanne décédée en 1913. Car, c’est décidé, tout cela sera la trame de mon prochain livre.
Lundi 15 juin 2020. 15h40.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:13
Cela fait bientôt quatre mois que je correspond avec Laurence. Un minuscule message tous les jours. Le 17 mars, elle apprenait, après des semaines d’incertitude, que son fils était atteint d’une leucémie aigüe. Il n’a pour ainsi dire pas quitté l’hôpital depuis cette date. Les traitements jusqu’ici ont échoué et il va falloir tenter une greffe de moëlle. Je n’ai jamais vu ce bonhomme qui a eu juste cinq ans il y a deux mois. A sa naissance, j’avais envoyé un petit lapin en peluche, blond, tout doux. J’avais reçu une photo, sur laquelle, avec cet air préoccupé, profond, qu’on parfois les bébés, il tenait l’animal par l’oreille. Mon Dieu, qu’il la tienne fermement cette fichue oreille, qu’il s’accroche à son lapin. Qu’il tienne bon ce tout petit.
Dimanche 14 juin 2020. 22h30.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:13
Panique. Panne d’Internet au moment d’envoyer mon papier. Amélie s’est chargée de l’affaire et a téléphoné à l’opérateur (je suis dramatiquement obtus en la matière). Un élément étranger bloque votre connexion. Lequel ? Mystère. Heureusement en fin de journée, tout était rétabli.
Samedi 13 juin 2020. 23h40.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:12
J’ai écrit mon papier sur La justification de l’abbé Lemire, le long poème de Lucien Suel que vient de rééditer Faï fioc, vingt ans après sa première publication. J’avais découvert ce texte par hasard sur Poezibao il y a quelques années en faisant des recherches à propos d’Houplines, la petite ville où ma grand-mère Angèle est née en 1889. Une suite de recoupements m’avaient amené jusqu’à l’abbé Lemire (1853-1928), curé de Hazebrouck et député du Nord qui a voué toute sa vie à la défense des intérêts des plus pauvres. On lui doit les premières avancées du droit du travail, l’aide aux familles, et dans cet esprit, la création des jardins ouvriers. Lucien Suel, lui, dit volontiers que le jardinage est comme une métaphore de l’écriture. Très attaché à sa terre des Flandres, il est, à sa manière, aussi un homme de foi. Le destin de Lemire ne pouvait que le toucher. La forme de son livre saisit d’emblée. La mise en page évoque les carrés d’un jardin potager, ou encore les bancs rangés dans la nef d’une église, et même les sépultures alignées d’un cimetière militaire. Le poème est en effet graphiquement composé sur ses quarante-deux stations de deux colonnes de douze tercets. Chaque vers comporte exactement vingt-deux signes, espaces compris. Et l’écriture est justifiée. D’où le titre qui ainsi rassemble le cadre typographique et l’argument biographique. Rien de rebutant pourtant dans tout cet ensemble. Bien au contraire. Le texte qui se déplie est d’une émotion sobre, profonde. Il parle d’enfance, de foi, de courage, de fragilité. De ce pays du Nord, du bord de l’eau, des terrils miniers, des champs et des sillons. C’est bouleversant. J’ai retrouvée intacte l’émotion de ma première lecture. Et j’y trouve aujourd’hui comme un étrange encouragement pour ma propre écriture.
Vendredi 12 juin 2020. 20h00.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:10
Journée cerises. Cueillette chez Mme Bassard, chez Fabien, chez Yann et Brigitte. Des bigarreaux Napoléon. Les arbres ployant sous les fruits et nous revenant paniers pleins.
Jeudi 11 juin 2020. 21h00.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:09
J’ai pris un café avec Sarah au Bouquet, à l’angle de la rue Boulard. De toutes les amies de l’adolescence de Marie, elle est la seule que je croise de temps en temps. Simplement parce qu’elle a continué d’habiter le XIVe. Au fil irrégulier de nos rencontres, je me suis un peu attaché à sa vie, j’ai vu grandir son fils Noé. Nous avons bavardé un bon moment. Je l’aime bien cette gamine. Enfin, gamine, elle a quand même trente-cinq ans, mais je la vois toujours à ses douze ou treize, à la fois réfléchie et effrontée. Marie et elle ne se voient plus beaucoup. Aujourd’hui, je ne connais plus les amis de ma fille. Cela fait bien longtemps d’ailleurs que je ne sais plus rien d’intime la concernant. Retour en Normandie par le train de 16h00.
Mercredi 10 juin 2020. 19h40.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:08
Je suis allé à la messe à Saint-Médard. La première depuis le « confinement ». Cérémonie sobre, pas trop abîmée par les fameuses règles sanitaires. J’aime beaucoup cette paroisse. Je m’y rendais souvent pendant les années où je donnais des cours à Censier. Je suis sorti avec la lecture du psaume en tête. Garde-moi mon Dieu, j’ai fait de toi mon refuge. Retrouvé Amélie pour déjeuner dans le quartier. Je suis passé voir Nicole chez Caractères. Toujours en butte aux mêmes soucis. Et fatiguée, si fatiguée. Je sais que tu dois me donner un recueil. Mais si tu peux attendre un peu. J’ai l’été pour terminer Afin que nul n’ignore.
Mardi 9 juin 2020. 18h00.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:07
Long déjeuner au Marco Polo avec Claudine et Josette Pratte que je n’avais pas vue depuis très longtemps (largement plus de dix ans). Nous avons eu une conversation toute hachée de souvenirs. Parlé de livres et des gens qu’on aime. De la vie qui va, doucement. C’était peut-être à cause de l’orvietto, mais nous avons eu plusieurs fois les yeux un peu mouillés d’émotion.
Lundi 8 juin 2020. 23h50.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:06
J’ai retrouvé Amélie à la terrasse d’une brasserie, rue des Morillons, près du parc Georges-Brassens. Antonie et Vincent nous avaient invités pour un dîner chez eux avec Alice Déon. Pas revu Louise qui s’était envolée pour je ne sais quelle soirée, mais Basile et Suzanne qui, après Les malheurs de Sophie, avait englouti Les petites filles modèles. Je lui ai promis de lui offrir Les vacances, la prochaine fois.
Lundi 8 juin 2020. 16h40.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:05
J’ai déjeuné avec Louise. Elle aura seize ans dans quelques semaines. On s’est retrouvés au Rostand et je l’ai emmenée chez Luisa Maria, le restaurant italien de la rue Monsieur-le-Prince. Je l’écoute me raconter ses histoires de lycée, ses enthousiasmes et ses énervements. Tu vois, tu vois… Pas certain que je me repère parfaitement dans tout, mais je suis heureux d’être, un instant, son confident. Elle rit, elle picore dans sa pizza, trempe ses lèvres dans son verre de rosé. Rit encore. Je l’avais vue en coup de vent en janvier. Comme elle a changé. Elle ne ressemble plus à une gamine qui a poussé, elle est maintenant une jeune fille qui commence, je crois, à comprendre qu’elle est belle. Quelle métamorphose. On s’est quittés au Luxembourg. Elle avait mille choses à faire. J’ai traversé le jardin tout empli de son printemps.
Dimanche 7 juin 2020. 23h00.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:04
Pris le train pour Paris à nouveau. Nous avons déposé La Harpe chez Séverine sur le chemin de la gare.
Samedi 6 juin 2020. 22h50.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:04
Dîner à la maison avec Claudine et Patrick. Ils nous prêtent gentiment leur cabine de plage. Noëlle ne nous louait plus la sienne depuis l’automne.
Jeudi 4 juin 2020. 20h30.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:03
J’ai un papier de Valérie Marin La Meslée dans Le Point. Roman d’un destin français, écrit-elle. Comme elle tape juste. Retour à Carolles. Nous avons récupéré La Harpe chez Séverine. En pleine forme.
Mercredi 3 juin 2020. 17h15.
Par Xavier Houssin le vendredi 17 juillet 2020, 09:02
C’est confirmé, je suis invité début août aux Journées du livre de Saint-Chély-d’Apcher par Pascal, le libraire du Rouge et le noir. J’y étais venu en 2009 pour La mort de ma mère. J’en garde le souvenir d’un moment très chaleureux. Je suis ravi de m’y rendre à nouveau. Reçu un message de Raphaëlle : La moindre chance que tu aies sous la main un recueil de poésie suceptible de t’inspirer 1500 signes pour lundi ? - Oui, bien sûr. J’ai choisi Ce que dit le nuage d’Enza Palamara, chez Poésis, la maison que dirige Frédéric Brun.
mercredi 17 juin 2020
Mardi 2 juin 2020. 22h10.
Par Xavier Houssin le mercredi 17 juin 2020, 17:58
Je vais bien. Enfin, ça va. Je suis délesté de la longue angoisse qui précède toujours mes rendez-vous avec les médecins. Je vais donc pouvoir continuer à faire comme si. Encore un moment. Les terrasses des cafés viennent de rouvrir. Je me suis installé un moment à celle du Parisien, rue du Four. Un demi, tiens. Et puis un autre. Je suis allé me faire couper les cheveux. Il était temps. Pour le coup, je me sens léger. Mais il règne partout un drôle de climat malgré le beau temps. Cette manière que les gens ont de s’éviter. Et tous ces masques dans la rue. Obligatoire dans le train. Chez le coiffeur. Chez l’opticien aussi où j’ai essayé des montures pour mes nouvelles lunettes avec toujours ce truc sur la figure. Y en a-t-il que cela rassure ? Vraiment pas moi. Je l’ai mis dans ma poche dès que j’ai pu. J’ai retrouvé Amélie au Café de la mairie. On trinque ? J’avais gardé toute la journée la nouvelle. Juliette m’a appellé ce matin. L’officier va être réimprimé.
Lundi 1er juin 2020. 13h50.
Par Xavier Houssin le mercredi 17 juin 2020, 17:58
Grand ciel bleu. J’ai nettoyé les rosiers. Sur l’arceau de la barrière, le Sander’s White commence à fleurir. Il est le dernier du jardin à s’ouvrir. Nous partons à Paris. A notre retour, il sera tout piqueté de blanc.
Dimanche 31 mai 2020. 20h00.
Par Xavier Houssin le mercredi 17 juin 2020, 17:57
Trois mois de silence et rien à raconter de cette étrange période de mise à l’écart. Confinement. Au début, je prenais bien quelques notes, puis plus du tout. Il n’y a rien à retenir de ces jours, sauf le grandissant malaise que nous avons éprouvé de ne pas parvenir à toujours raison garder. Nous vivions, nous expliquait-on partout, une catastrophe mondiale. On racontait que le mal se propageait comme une peste. La radio faisait le compte des morts au quotidien. Difficile de ne pas céder à cette contagion de l’angoisse. Sans parler des règlements, des interdits grotesques, qui ont ponctué ce long huis-clos sanitaire. Non, ne rien retenir. Sauf le printemps. Je ne l’avais jamais vu en entier à Carolles. Et c’est une grâce que l’avoir traversé avec Amélie. Des prunelliers en fleurs aux premiers coquelicots. Des mimosas, des camélias, des narcisses, des jacinthes, aux pivoines, aux cascades de roses, aux hortensias. Le jardin a été magnifique, généreux. Le soleil doux. Je n’ai pas travaillé ou si peu. Juste jeté les bases de mon prochain livre, sur Chassignolles, ce village du Berry, où ma mère est née par hasard en mars 1918. Mon grand-père Joseph au front, ma grand-mère Angèle s’y était trouvée réfugiée, déjà flanquée de trois enfants, fuyant le nord de la France, Roubaix, les combats, les ruines, l’occupation allemande. Elle avait vingt-trois ans.
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