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mardi 8 décembre 2020

Vendredi 4 décembre 2020. 21h20.

Raphaëlle a retenu le papier que je lui avais proposé sur Une douleur blanche, le dernier roman de Jean-Luc Marty. C’est un texte de retour en terre d’enfance, de souvenirs surgissants, de crainte, de peine, d’élans étranges et inquiets. J’avais, il y a plus de dix ans, rédigé une brève sur Rumba qui racontait aussi une histoire de traces perdues. Je m’y mets la semaine prochaine. Elle est d’accord aussi pour que je lui rende deux (courtes) chroniques des Bons garçons de Pierre Adrian et d’Observations en trois lignes d’Emmanuel Venet. Je suis content, ce dernier trimestre, j’aurais réussi à passer pas mal de mes propositions. Je peaufine celles de janvier/ février. Déjà, il y a un nouveau Morgiève.

vendredi 4 décembre 2020

Jeudi 3 décembre 2020. 20h20.

Un pied devant l’autre ce matin. Ouf. Il va juste falloir être patient. Amélie est arrivée pour déjeuner. Elle avait récupéré La Harpe en passant. Elle a grossi, lui a dit Séverine, vous devriez la mettre un peu au régime. Grossi ? Je regarde la chienne. Moi qui trouvais qu’avec l’âge (elle a cinq ans maintenant), elle commençait, malgré son petit gabarit, à prendre une vraie allure de clumber spaniel, alors que, jusqu’ici, son côté efflanqué lui donnait parfois des airs de pointer... J’ai fait du courrier. Comme toujours, je suis en retard. Je voulais surtout envoyer un petit mot à Marie-Hélène et à Pascale pour le Renaudot. Voilà qui vient conforter leur travail, à l’une et à l’autre. Au long cours. Evidemment, aujourd’hui, les beaux esprits se partagent entre ceux qui disent que les prix ne sont que de la verroterie littéraire et ceux qui hurlent à la gérontocratie et au patriarcat des jurys. C’est juste leur manière d’exprimer leur aigreur. Stultorum numerus est infinitus, comme on dit. Le service de presse de chez Gallimard m’a envoyé l’agenda Pléiade de 2021. Je suis touché d’être toujours sur la liste. Peur qu'ils m'oublient. J’aurais du mal à me passer de ce petit carnet. Depuis 2000 (ça devait être à cause du compte rond), je les garde précieusement. Pourtant, comme ce journal, ils sont pleins de lacunes. Des semaines, des mois entiers. Dans le dernier, drôle d’année oblige, je n’ai guère noté de rendez-vous.

Mercredi 2 décembre 2020. 17h00.

Pas la grande forme. J’ai reçu l’ordonnance de Bruno Genevray. Brigitte est allée me chercher les médicaments à la pharmacie de Jullouville. J’avale les cachets. Un peu plus de chimie dans tout ce que m’ingurgite quotidiennement.

mercredi 2 décembre 2020

Mardi 1er décembre 2020. 21h00.

Je ne suis finalement pas parti à Paris. Je peine tellement à poser le pied par terre que le voyage en train, le trajet de la gare à l’appartement, sans parler des rendez-vous du lendemain, étaient impossibles. J’ai appelé Bruno Genevray pour décommander la consulation de mercredi. Il va m’envoyer une ordonnance. Je sais, ça va passer. On se verra l’an prochain. Amélie a donc pris seule le train de 15h00 et quelques. Elle m’a téléphoné en arrivant rue Danville. Le paillasson était encombré de toute une masse de livres pour moi. Demain nous ferons le tri de ceux qu’elle rapportera ici. Le poisson rouge est mort. Le « reconfinement » lui a été fatal. Pas même eu le temps de lui donner un nom à celui-là. Nous n’avons pas de chance avec nos carassins. C’est une vraie hécatombe, en fait. On ne compte plus, au fil des années, ceux que nous avons retrouvés, flottant le ventre en l’air dans leur aquarium (nous nous sommes débarrassés de celui de Carolles), ou dans les tonneaux de récupération d’eau. J’ai fini par conserver chacun de leurs petits cadavres dans le formol. Ils reposent maintenant tous ensemble dans leur dernier bocal que j’ai installé sur une étagère, parmi ma ménagerie silencieuse du couloir.

lundi 30 novembre 2020

Lundi 30 novembre 2019. 20h10.

Amélie a emmené La Harpe à Coudeville chez Séverine pour le temps de notre tout petit séjour à Paris. Répondu à Macha qui me demandait mes propositions « poésie » pour janvier. Elle me parlait aussi des poèmes inédits de Moravia qui sortent en février chez Flammarion. Je l’avais vu dans les programmes. Je lui a glissé un mot sur le recueil de Jean-Jacques Marimbert, La boussole des rêves, qui sort ces jours-ci au Chat Polaire. Oh, nuit, dessine des ombres de joie. Souvenir,/ Éclat de rire au beau milieu d’un jour prochain./ Fais bouillonner mon sang gelé, console-moi.

Dimanche 29 novembre 2020. 19h00.

Je me suis réveillé podagre. Ma dernière crise remonte à quatre ans. J’avais oublié combien ça fait mal. Heureusement, il me restait des pilules bleues (périmées ?) au goût de sève amère qu’on m’avait prescrites à l’époque et qui m’avaient « guéri » en quelques jours. Passé une journée dolente et fatiguée.

Samedi 28 novembre 2020. 23h50.

Dîner chez Claudine et Patrick. Toute sortie devient un événement dans ces temps où chacun est censé ne pas sortir de chez soi. L’autre jour c’est Brigitte et Yann qui sont venus à la maison. J’avais cuisiné du lapin à la bière. A la flamande, si l’on veut. Une recette toute simple de ma grand mère Mamoÿ qui procédait de la même façon pour la carbonnade de bœuf. D’abord, dans une cocotte, saisir les morceaux de lapin dans un mélange huile/beurre, les réserver, puis faire revenir des oignons jusqu’à ce qu’ils soient bien roux. Les saupoudrer de farine et délayer avec de la bière. Poser les morceaux de lapin et recouvrir le tout avec la bière. Mettre du laurier, du thym, de l’ail haché. Laisser mijoter une heure. Ajouter une bonne dizaine de pruneaux et oublier à feu doux pendant (au moins) une heure encore. Penser à saler et de poivrer à chaque étape de la préparation (sur le lapin, les oignons, etc.). Vérifier l’assaisonnement. Ne mettre le foie et les rognons à cuire dans la sauce qu’un quart d’heure avant de servir. Ma grand-mère utilisait de la bière de ménage, je me suis servi de Chimay bleue. Tout le monde avait l’air content. J’étais ravi.

Vendredi 27 novembre 2020. 14h30.

Mon tout petit papier sur Pour plus de lumière, l’anthologie poétique « personnelle » de Charles Juliet a été coupé à la publication. A cause d’un encart publicitaire arrivé à la dernière minute. Je râle un peu. Déjà, la commande initiale avait été raccourcie. J’avais fait de la dentelle d’informations. D’impressions, de citations. Il me semblait qu’il y avait tant, tant à dire et que j’avais réussi à tout faire tenir en peu de mots. Je me raconte des histoires. Raphaëlle, j’imagine que c’est elle qui s’en est chargée, a mis les bons coups de ciseaux. Mon texte n’est pas massacré, loin de là. D’ailleurs, dans quelques jours, le journal sera à la corbeille ou emballera les épluchures. Alors, mon articulet… Mais je reste sottement maussade. Je me suis senti trop proche, sans doute, de ce livre. Ces mots qui se nouent dans le poème,/ je voudrais qu’ils s’effacent/ derrière le silence qu’ils sécrètent.

Jeudi 26 novembre 2020. 16h40.

J’ai pris rendez-vous avec Bruno Genevray la semaine prochaine. Il y a, je le crains, une petite intervention à programmer, suite à mes derniers examens. Il faut s’en occuper. Je devais le consulter il y a un mois, mais nous avions annulé à cause du « reconfinement ». Maintenant les règles semblent un peu assouplies. Nous irons donc à Paris mardi. Retour jeudi. Amélie pourra passer place Paul-Painlevé pour régler quelques bricoles. En attendant, courant décembre, je pense, de pouvoir reprendre le travail sur place.

Mercredi 25 novembre 2020. 18h00.

J’ai eu longuement Sylvie au téléphone. Je n’ai toujours pas été payé par le ville de Nice pour le dossier de presse du festival du Livre. Certes, pour des raisons de « sécurité sanitaire », le festival n’a pas eu lieu cette année (dire que j’étais invité cette fois-ci comme auteur…), mais de là à passer tout mon travail à la trappe. En fait, « on » a oublié de me faire signer un contrat. Ne t’inquiète pas, ça va s’arranger. N’empêche, j’aurais dû recevoir mes sous en août. Aujourd’hui, si tout se passe bien, ce ne sera pas avant fin janvier. Je tire la langue Les problèmes d’argent sont devenus envahissants. Ma demande de retraite serait, paraît-il, sur le point d’aboutir. Mais quand exactement ? Mystère. Et les estimations que j’ai pu décrocher, au téléphone, quant au montant n’étant pas vraiment réjouissantes, j’ai le sentiment qu’une fois cette histoire réglée, je ne serai pas pour autant serein. Heureusement qu’il me reste mes papiers au Monde.

Mardi 24 novembre 2020. 17h10.

J’ai déposé une (très modeste) enchère à une vente pour une jolie intaille ovale en pierre dure, rouge. Le catalogue indique qu’elle représente un personnage féminin d'après l'Antique. A y bien regarder (ancre marine, doigt levé vers le ciel) il s’agit plutôt une allégorie de l’Espérance. Et, pour le coup, j’espère bien l’emporter. Car j’ai perdu ma bague, celle que je portais à l’auriculaire de la main gauche depuis 1995. Je m’étais fait faire ce bijou pour mes quarante ans. Une petite pâte de verre gravée d’un profil de polichinelle posée sur l’alliance de mon grand-père Joseph. La pâte de verre, début XXe, venait d’une épingle de cravate que Bernadette avait trouvé dans une minuscule brocante maintenant disparue de la rue Saint-André-des-Arts, et qu’elle m’avait offerte l’année de mes vingt ans. L’alliance avait été aussi celle de mon très bref mariage avec Dominique. Symbolique à quatre sous d’un passé vraiment passé à l’époque, mais que je regardais alors avec une affectueuse distance. C’est que j’étais en plein milieu d'une période sentimentale, conjugale plutôt, compliquée, douloureuse. Je rêvais d’une autre vie. Et j’étais sûr que cette bague me serait le talisman qui me permettrait de traverser ces années, de sortir de ce purgatoire. Ca a été le cas. Durant tout ce temps que je l’ai portée, s’il y a eu quelques fois où je l’ai égarée, je l’ai toujours retrouvée. Cette fois, il a bien fallu que je l’admette, c’est fichu. Le pire, c’est qu’elle a glissé de mon doigt dans un supermarché. Je l’aurais perdu sur la plage, encore…

Lundi 23 novembre 2020. 19h40.

Cela fait un moment que je n’arrive pas à grand chose. Je me pousse. C’est tout. J’avais pourtant repris mon travail sur Chassignolles. Retrouvé des vieux papiers, quelques photos. J’avais appelé Nicolas aussi pour qu’il me guide un peu dans mes recherches historiques. Je n’ai en effet aucune idée de comment s’est passé l’exode des populations du Nord pendant la Grande Guerre. Et j’ignore si quelqu’un a écrit sur le sujet. Sur ses conseils, j’ai cherché un livre de Philippe Nivet qui enseigne, si j’ai bien compris, à Amiens. Mais l’ouvrage est épuisé depuis longtemps, introuvable d’occasion, et les bibliothèques sont fermées. C’est que nous sommes à nouveau « confinés » depuis la fin octobre. Toujours ce volatil virus venu de Chine qui continue de paralyser la vie des habitants de plus de la moitié de la planête. Tout est à l’arrêt. Sauf en Chine justement où, paraît-il, tout va bien. Ici, par contre, la radio matraque tous les jours des chiffres de morts et de contaminations. Il faut à nouveau s’affubler de masques et se signer à soi-même des autorisations de sortie. La folie. Le bon côté de l’histoire, c’est qu’Amélie est à Carolles, en attendant que passe « la vague », comme ils disent. Elle télétravaille. Moi, je ne travaille pas vraiment. En tout cas pas à la mesure de ce temps vide. J’ai écrit quelques papiers pour Le Monde des Livres (qui continue à paraître avec une pagination réduite). Un surtout, sur le très gros volume des derniers poèmes de Jean-Claude Pirotte. Cinq mille, inédits, rédigés en moins de deux ans, de 2012 à 2014. Il les a écrits dans ses dernières maisons : à Saint-Léger, à Namur. D’un jour l’autre, il ramene, rappele, tous ses souvenirs sensibles depuis le très loin de l’enfance jusqu’à l’à peine hier, jusqu’au présent de la maladie, jusqu’aux approches de la mort. C’est Sylvie qui s’est occupée de leur publication au Cherche Midi. Mémoire sauve. Elle m’a envoyé un très gentil message pour me remercier. Les journées filent. Je nourris Kiki, le chat de Mme Bassard, un matou errant qu’elle avait essayé d’adopter. Mais en vrai sauvage, il n’avait jamais mis une patte dans la maison, acceptant juste de se coucher sur le seuil. Déguerpissant dès que quelqu’un approchait. Mme Bassard est morte fin septembre. Elle s’est suicidée, à quatre-vingt-quatorze ans. Depuis le temps qu’elle répétait qu’elle en avait assez, qu’elle avait hâte d’aller au cimetière. Je n’y vois plus rien, je n’entends pas. A quoi ça sert de vivre ? Elle trottait pourtant tous les jours dans les chemins. Ne s’était résignée à raccrocher son vélo qu’en 2017 après la fois où elle avait heurté une voiture à l’arrêt. Ce jour-là, d’ailleurs, elle s’était mise en colère. Dire que ça aurait pu être mon heure. Raté ! Plus personne ne prêtait attention à ses litanies. A peine passé le bonjour, une rapide considération sur le temps qu’il faisait, voilà qu’elle vous entreprenait sur son désir de trépas. Je prie tous les soirs dans mon lit de ne pas me réveiller le lendemain. Le Bon Dieu ne m’écoute pas. Elle a attendu qu’il y ait chez elle ses filles, ses petites filles. Et elle s’est noyée, au tout petit matin, dans une baignoire abandonnée dans son jardin, remplie d’eau croupie. Cela fait longtemps, encore une fois, que j’ai laissé ce journal. Je le reprends comme poussé par une nécessité. Cet exercice quotidien d’écriture me donne la mesure, rythme le temps. Je suis perdu en ce moment. Comme Poucet, au début du conte, j’ai semé des miettes de pain pour marquer mon chemin. Les oiseaux les ont toutes mangées.

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Samedi 19 septembre 2020. 10h30.

J’ai soixante-cinq ans. En 2015, j’étais allé me cacher à Pise avec Amélie pour ne surtout pas fêter mon soixantième anniversaire. Et voilà que j’ai comme de la nostalgie de cet âge. Mon Dieu. Il va me falloir secouer toute cette saisissante stupeur. Comme cela va m’être difficile de ne pas simplement m’asseoir et rester immobile, les yeux vagues, perdus à regarder les années passer. Nous avons bu du champagne. Amélie m’a offert deux jolis pullovers de chez Berteil. Mon luxe. Avec les bottines Heschung et les vestes Hollington. Patric Hollington est mort fin janvier. Il avait quatre-vingt-trois ans. Je l’avais croisé la dernière fois dans la boutique un jour de soldes. Nous avions parlé d’écharpes anglaises de collège. J’en ai toujours une petite collection.

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mercredi 28 octobre 2020

Lundi 13 juillet 2020. 20h40.

Cela faisait longtemps que je voulais profiter d’un séjour à Veyrier pour faire un petit pèlerinage Anna de Noailles. A Amphion où elle a passé chaque été de son enfance, et à Publier, là où repose son cœur. J’étais persuadé que cela se trouvait tout près de Veyrier, quelque part sur les rives du lac d’Annecy. En fait, Amphion-Publier (il s’agit maintenant de la même commune) est tout proche d’Evian. Donc sur le Léman, à presque cent kilomètres. Je m’étais trompé de lac. Mais nous avions la voiture cette fois. Ca a été une journée un peu étrange. Où l’émotion s’est mélangée à une bonne part d’amertume. C’est qu’il ne reste plus grand chose là-bas. Je me souvenais bien du poème des Forces éternelles : Étranger qui viendras, lorsque je serai morte,/ Contempler mon lac genevois,/ Laisse que ma ferveur dès à présent t’exhorte/ À bien aimer ce que je vois.// Du bout d’un blanc chemin bordé par des prairies/ S’ouvre mon jardin odorant ;/ Descends parmi les fleurs, visite, je te prie,/ Le beau chalet de mes parents.// (…) Pousse la porte en bois du couvent des Clarisses,/ C’est un balsamique relais,/ La chapelle se baigne aux liquides délices/ De vitraux bleus et violets.// Peut-être a-t-on mis là, comme je le souhaite,/ Mon cœur qui doit tout à ces lieux,/ À ces rives, ces prés, ces azurs qui m’ont faite/ Une humaine pareille aux dieux !// S’il ne repose pas dans la blanche chapelle,/ Il est sur le coteau charmant/ Qu’ombragent les noyers penchants de Nouvecelle,/ Demain montes-y lentement. La villa Bassaraba a été vendue. Mais, tout contre, on peut descendre jusqu’à la berge par le « jardin votif » créé par son fils en 1938, sur une bande étroite prise sur la propriété, et où il a fait élever un cénotaphe en forme de rotonde. Hélas, tout est pour ainsi dire à l’abandon, envahi par une végétation de terrain vague. L’endroit aussi était occupé par un troupeau de baigneurs à la rigolade bruyante, écoutant de musique syncopée en buvant des bières. Et dont les serviettes séchaient sur les grilles du monument. Le cœur d’Anna de Noailles se trouve au cimetière de Publier. Un lieu sans charme aucun. Aride. Les tombes anciennes ont presque toutes été relevées pour laisser place à de vilains monuments de granit poli. Difficile de se recueillir devant le carditaphe. Quand au couvent des clarisses il n’existe plus. On l’a démoli dans les années 1960 pour construire des immeubles. Il ne subsiste de ce temps-là qu’un grand cèdre. Publier est triste et laid. Bétonné, engoudronné. Amphion, bien que plus « résidentiel », n’est guère mieux. Mais il reste le lac. C’est là qu’il faut regarder.

Samedi 11 juillet 2020. 18h00.

Je m’émerveille de mes nièces.

Vendredi 10 juillet 2020. 23h40.

Nous sommes à Veyrier. Nous passons une semaine avec Virginie, Marcus et les filles. Ce sont nos vacances. Hier, j’avais quitté Carolles en Twingo avec une glacière pleine de homards que nous avons dévorés, tout à l'heure, au dîner. Départ de Paris avec Amélie. Cela faisait bien deux ans, je crois, que n’avions pas fait un tel trajet avec notre vieille voiture. Pourvu qu’elle tienne encore longtemps. Plus de mille kilomètres à travers la France. En arrivant, j’avais en tête l’air de Ciboulette, l’opérette de Reynaldo Hahn. Nous avons fait un beau voyage. Oh oui. J’aime ces petites aventures routières. Les haltes, les paysages changeants. Et aussi ce huis clos automobile au long cours qui fait nos conversations douces. Si douces.

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vendredi 17 juillet 2020

Vendredi 19 juin 2020. 19h20.

Rédigé un petite note sur le dernier recueil de nouvelles de Marie Sizun, Ne quittez pas ! J’ai aussi une commande ferme sur la parution chez Poésie/Gallimard et au Dilettante de deux recueils de Paul Valet. Le premier, La parole qui me porte, reprend les poèmes édités entre 1955 et 1968. Le second, Que pourrais-je vous donner de plus grand que mon gouffre ?, réunit ceux publiés dans les années 1980. Ce sont ces derniers textes que j’avais lus à l’époque. J’avais été profondément impressionné par cette parole heurtée, hurlante, grinçante. J’avais écrit un papier dans Synapse, un autre dans Nervure, correspondu un moment avec Guy Benoit, poète et éditeur de la revue Mai Hors-Saison, qui avait arraché Valet à l’oubli. Je suis content de remettre le fer au feu.

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